Informations détaillées
Inv. A 7411
H. 13 cm ; L. 15 cm ; P. 11,5 cm
Production attique, fin du VIe siècle av. J.-C.
Découvert à Camiros (Chypre).
Notice complète
Le vase en céramique présenté est un kyathos. Il s’agit d’un vase possédant un pied bas et circulaire, une panse conique et une grande anse verticale. Son aspect est caractérisé par un décor peint à figures noires. Le pied et le fond accueillent un aplat de couleur noire puis deux bandelettes qui se superposent. Sur la panse un décor figuré prend place : on voit un félin à la queue serpentine, tourné vers la droite. Un homme à cheval se trouve au centre de la composition, lui aussi orienté vers la droite. La scène se termine par un dernier félin tourné vers la gauche dont on peut percevoir la queue en spirale, mais ce détail est mal conservé. En arrière-plan on observe des motifs végétaux ainsi que des cercles concentriques noirs entourant l’homme et son cheval.
L’iconographie représente le dieu Dionysos sur son cheval accompagné de deux panthères, le tout surmonté d’une paire d’yeux. Cette représentation était populaire dans les années 530-510 av. J.-C. Ce motif se trouve le plus souvent sur les coupes à vin, et il permet de créer une connexion particulière lors du symposium. Selon Marie-Christine Villanueva Puig, quand le banqueteur plongeait son regard dans la coupe, les yeux se superposaient pour former un “nouveau visage” qui s’offrait à son voisin. Cet effet met en avant la notion de “boire ensemble”. Dionysos et son cortège surgissent durant cet usage collectif de la boisson. Il ne s’agit cependant pas ici d’être en compagnie du dieu mais d’entrer dans le monde dionysiaque. Sur le plan fonctionnel, ce kyathos servait à puiser le vin ; c’est donc en plongeant l’objet dans la boisson divine que l’on accède au monde de Dionysos. Ce vase présente alors une iconographie mythologique directement liée à la cérémonie du symposium.
Outre cette symbolique divine, cet objet reflète le statut aristocratique de celui qui le possède. En effet, seuls les aristocrates pratiquaient le symposium. Les panthères peuvent être associées à une scène de chasse qui fait écho à ce statut, puisque la chasse était une activité éducatrice pour la jeunesse aristocratique. Cet animal exotique et de l’aristocratie montre une puissance ainsi qu’une valeur psychopompe et eschatologique car il se réfère à l’idée d’un parcours dangereux pour rejoindre le monde des morts.
Ce vase est attique. Si on le compare à des vases de production rhodienne comme le plat d’Euphorbe découvert à Camiros et datant de 610-590 av J.-C. conservé au British Museum, nous pouvons voir que l’argile rhodienne est plus claire que l’argile attique. Ce kyathos daterait du VIe siècle av. J.-C., si l’on se base sur son thème iconographique ainsi que sur la comparaison avec un kyathos similaire conservé au Petit Palais qui date de 515 à 505 av. J.-C. Nous trouvons des points communs dans l’iconographie et les bandes noires sur le pied. Nous pouvons donc supposer qu’il provient du même atelier, celui du groupe du Vatican G57.
Bibliographie
POTTIER Edmond, Vases Antiques du Louvre, Salle A-E, 1875, Hachette et Cie, Paris, 60 p.
POTTIER Edmond, Vases Antiques du Louvre, Salle E-G, 1901, Hachette et Cie, Paris, 150 p.
VILLANUEVA PUIG Marie-Christine, “Des « coupes à yeux » de la céramique grecque”, In: Journal des savants, 2004, n°1. p. 3-20
DECAUDIN-ROUSSELOT Antoinette J., La collection des bijoux antiques du Musée historique et archéologique de l’Orléanais, Mémoire de l’École du Louvre, juillet 1975, 257 p.
RIVIÈRE-ADONON Aurélie, “Les « Grands Yeux » : une mise en scène visuelle”, In : Dossier : Émotions [en ligne]. Paris-Athènes : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011