La Tombe François

La Tombe François est une vaste sépulture étrusque située à Vulci datant vraisemblablement de fin de la période classique, probablement de 340 av. J.-C. Celle-ci fut édifiée à la demande de Vel Saties pour en faire la sépulture familiale. Le complexe fut découvert en 1857 par le Florentin Alessandro François et le Français Adolphe Noël de Vergers sur le site de la nécropole de Ponte Rotto, suite aux demandes de fouilles du prince Torlonia.

L’accès à la sépulture se fait par un long dromos de 27 mètres qui ouvre l’accès sur un espace central, composé d’un atrium et d’un tablinum encadrés de onze chambres disposées symétriquement. Le plan de la tombe reprend traditionnellement l’organisation de l’espace domestique étrusque.

Le portrait de Vel Saties dans la tombe François. Auteur : Nathanaël Delor, Marine Omont, Pauline Demol, Océane Dion, Matéo Gaumé, Liza Dozias.

La tombe abritait, lors de sa découverte, un ensemble de fresques et un riche mobilier intact déposé auprès des défunts. Très fragile, la grande majorité des fresques fut détachée des parois dès 1862 pour être ensuite transportée dans la collection privée de la famille Torlonia à la Villa Albani de Rome, ne laissant que quelques vestiges peints sur le site. Le mobilier funéraire, composé de vases, de bijoux et d’amulettes, fut quant à lui acquis par l’archéologue allemand Heinrich Brunn puis dispersé dans plusieurs collections muséales.

En partant de l’entrée dans le sens des aiguilles d’une montre on trouve :

La représentation de Cassandre (désignée par l’inscription Casntra), cette dernière est traînée de l’autel du temple d’Athéna par Ajax Fils d’Oïlée, qui s’apprête à la violer et la tuer. Sur la fresque suivante figurent Nestor (vieillard du camp grec pendant la guerre de Troie) et Phénix (celui qui a éduqué Achille) placés devant des palmiers (arbres d’Apollon). Ensuite on peut voir la représentation du duel d’Etéocle (debout) et Polynice (au sol) qui sont les deux frères rois de Thèbes. Sur le panneau suivant on peut voir une scène de l’Iliade représentant des prisonniers troyens, Achille tranche la gorge d’un prisonnier, en présence de Vanth et Charun. Puis on peut voir la scène de Caile Vipinas qui est délivrée par Mastarna. Puis sur le même panneau Larth Ulthes tuant Laris Papathnas Velznach, Rasce sur le point de tuer Sveamach et enfin Aule Vipinas tuant Venthi Cavles …plsachs (les Vipinas sont les héros de Vulci). La fresque suivante représente Marce Camitlnas tuant Cneve Tarchunies Rumach. Enfin le propriétaire de la tombe nommé Vel Saties est accompagné d’un enfant nommé Rasna, il tient sur sa main un oiseau, dont le vol était peut-être utilisé pour prédire l’avenir. Pour finir, sur le dernier panneau figure le martyre de Sisyphe, connu pour son châtiment, consistant à pousser une pierre au sommet d’une montagne, d’où elle finit toujours par retomber, en présence d’Amphiaraüs (devin dans la lignée de Cassandre et des deux vieillards grecs).

Le mobilier de la tombe a été immédiatement dispersé après la découverte de la tombe et seule une partie peut aujourd’hui être identifiée dans différents musées. Il  se compose de vases du symposion : rhyton, canthare, amphores ou encore askos. Ce mobilier est complété par de nombreux bijoux issus de l’orfèvrerie hellénistique, colliers, boucles d’oreilles à pendeloques, bagues ainsi qu’une couronne, quelques fibules de bronze, un miroir et une épingle d’os. Pour finir, des ouvrages de glyptique ont été retrouvés, notamment des amulettes en forme de scarabées, ainsi que plusieurs cippes funéraires. Ce trousseau funéraire est actuellement dispersé entre le musée du Louvre et le British Museum.

Le goût hellénisant dans les bijoux étrusques apparaît durant les trente dernières années du IVe siècle av. J.-C. , grâce à la diffusion des modèles de l’époque de Philippe II et d’Alexandre de Macédoine. L’aristocratie macédonienne influence le goût des puissantes cités de Grande Grèce et de l’Italie préromaine avec les nouveaux modèles du luxe. Ces influences par le biais de Tarente changent les formes des boucles d’oreilles avec des pendants divers et l’introduction de pâte de verre colorée en forme de volatiles, le retour du filigrane et de la granulation ainsi que l’utilisation des pierres colorées. L’utilisation de l’orfèvrerie dans la Tombe François montre l’importance sociale du propriétaire et des liens commerciaux et artistiques privilégiés entre les cités d’Étrurie méridionale et l’Apulie.

Bague en or et cornaline (Musée du Louvre, Bj 1260). Auteur : Nathanaël Delor, Marine Omont, Pauline Demol, Océane Dion, Matéo Gaumé, Liza Dozias.

La création de cette bague est datée de la période hellénistique, entre le IIIe s et le IIe s av J.-C. Ce bijou a été réalisé en Italie méridionale mais a été retrouvé en 1857 dans la tombe François. Cette bague reflète l’importance sociale des personnes inhumées dans la tombe. Les matériaux sont très précieux : elle est en or et en cornaline, une pierre semi précieuse taillée en ovale. On y observe une gravure, comme sur les bagues à gemmes incisées de Tarente, représentant une femme de la haute société. Elle est coiffée d’un chignon et porte un chiton ainsi qu’un himation. Elle tient un rameau de laurier dans la main gauche, qui peut rappeler la fresque prenant place sur la partie gauche de l’atrium au sein de la tombe : on y voit une représentation de Vel Saties, le propriétaire de la tombe, coiffé d’une couronne de laurier.

Boucle d’oreille à disque à pendeloques en or et verre coloré (Musée du Louvre, Bj 228). Auteur : Nathanaël Delor, Marine Omont, Pauline Demol, Océane Dion, Matéo Gaumé, Liza Dozias.

Cette paire de boucles d’oreilles date également de la période hellénistique. Ce sont des boucles d’oreilles pendeloque en forme de cygne où sont attachées des chaînettes terminées par des fleurs. Les boucles font 3.5 cm de haut et 2 cm de large, sur 1 cm d’épaisseur, et pèsent 4.4 grammes. Elles sont principalement réalisées en or, l’or étant un matériau rare et précieux et témoigne à cette époque de la richesse et du pouvoir. Du verre blanc opaque est utilisé pour la confection du cygne. Au niveau des ailes et de la queue se trouvent des traces d’incrustation de verre coloré témoignant d’une innovation technique de cette époque. Grâce aux fortes ressemblances avec les productions des ateliers de Tarente nous pouvons dire que ces boucles d’oreilles sont des produits d’importation raffinés, ce qui confirme le statut aristocratique et cultivé du propriétaire de la tombe.

Bibliographie

Francesco Buranelli , La Tomba François Di Vulci, Rome, 1987.

Marina Martelli, Mauro Cristofani, L’or des Étrusques, Paris, 2000.

Dominique Frère et Laurent Hugot (dir.), Étrusques – Les plus heureux des hommes, Rennes, 2014.

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