Mobilier en impasto et étrusco-géométrique

Au XIXe siècle, les grands collectionneurs, comme le général de Beaufort, s’intéressaient principalement aux objets découverts lors des fouilles dans les tombes. Grâce aux nombreuses tombes étrusques fouillées, comme la tombe de l’Ogre probablement découverte par le général de Beaufort, les collectionneurs se constituent une grande collection dans laquelle les vases sont omniprésents. Cela peut s’expliquer par le fait que dans les tombes étrusques, la présence de vase est très importante, que ce soient des vases liés à la consommation du vin ou au rituel funéraire. La collection que se constitue alors le général de Beaufort, militaire français en garnison à Corneto durant la seconde moitié du XIXe siècle, se compose également de nombreux vases de toutes époques, dont deux parmi les plus anciens en impasto et de style étrusco-géométrique.

Urne biconique 1967.2.1142.22, © F. Lauginie et © Musée George Sand et de la Vallée noire, La Châtre, Utilisation réservée à l’Université de Tours.

Le premier objet est une urne biconique en impasto mesurant 17 cm de hauteur pour 16,8 cm de largeur. Celle-ci a été produite en Étrurie méridionale et est datable entre le IXe et le VIIIe siècle av. J.-C. Les urnes biconiques sont caractéristiques des tombes d’époque villanovienne, puisqu’elles contenaient les restes du défunt, et parfois également de petits objets lui appartenant. Il s’agit de la plus ancienne pièce de la collection, caractéristique de la période villanovienne. Celle-ci est en impasto, une céramique en argile brune plus ou moins épurée et sa couleur varie du brun au noir. La technique de l’impasto est utilisée jusqu’au VIIe siècle avant J.-C., puis elle est progressivement remplacée par la technique du bucchero.

Cette urne est de couleur brune, elle possède col conique, une épaule bombée et une panse conique reposant sur un pied en disque plat. Le décor incisé et estampé est entièrement géométrique, situé sur le col et l’épaule. Ce dernier se compose d’une frise de dents de loup hachurées, de plusieurs points ainsi que d’une frise de triangle entouré de bandeaux fins. Les motifs ont sans doute été tracé à la pointe et avec une matrice sur la pâte avant cuisson. Cette urne est modelée, la technique du tour n’étant pas encore utilisée. 






Lydion 1967.2.1142.52, © F. Lauginie et © Musée George Sand et de la Vallée noire, La Châtre, Utilisation réservée à l’Université de Tours.

Le deuxième objet est un lydion (H. 10,3 cm), réalisé en argile épurée et décoré avec du vernis noir. Il peut être daté entre la fin du VIIe siècle et la première moitié du VIe siècle av. J.-C. Ce vase présente un décor issu du style italo-géométrique, aussi appelé étrusco-géométrique, produit en Étrurie à partir du VIIIe siècle avant J.-C. Cette période marque la fin de l’époque villanovienne et le début d’une période d’échanges entre le monde grec et la péninsule italique. Ce style est notamment influencé par les colonies eubéennes. On retrouve en effet un contact avec la céramique eubéenne en Étrurie par le biais d’importations ou alors en Campanie où les Eubéens s’étaient installés vers 770 avant J.-C., à Pithécusses. Ces ateliers se sont peut-être aussi établis en Étrurie méridionale, donnant lieu à des imitations locales.

Un lydion est un pot à onguent qui devait surtout être présent dans les tombes féminines. Ce vase est en vernis noir, c’est à dire qu’une couche d’argile est appliquée sur la surface du vase et lors de la cuisson, une réaction chimique se produit ce qui va donner sa couleur noire/brune au vernis. Le col du lydion est très étiré en hauteur, l’épaule est plate, la panse est conique et repose sur un pied en disque. Comme pour le premier vase, le décor est uniquement composé de motifs géométriques. Ce dernier se situe majoritairement sur l’épaule avec un motif de zig-zag placés verticalement. Ces lignes serpentines à la verticale peuvent rappeler les œuvres de l’atelier du peintre de Cesnola qui était un peintre grec d’origine eubéenne, actif dans la seconde moitié du VIIIe siècle avant notre ère. Le reste du décor se compose de bandeaux.


Bibliographie

  • F. Gaultier, L. Haumesser, K. Chatziefremidou, L’art étrusque : 100 chefs-d’œuvre du Musée du Louvre, Paris, 2013.
  • M. Martelli Cristofani, « La ceramica greco-orientale in Etruria », dans Les céramiques de la Grèce de l’Est et leur diffusion en Occident, Naples, 1978, p. 150-212.
  • C. Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel : catalogue raisonné de la collection étrusque et italique du Musée Antoine Vivenel de Compiègne, Milan-Compiègne, 2015.