Le mobilier en bucchero

Le mobilier en bucchero dans les collections d’objets antiques

Au sein de la collection du général de Beaufort, il y a un nombre important de vases en bucchero qui a été légué au musée de la Châtre. Le bucchero est un type de céramique facilement identifiable par sa couleur noire, due à son processus de cuisson. Cette technique est née à Caere vers le milieu du VIIe av. J.-C. et cherche à imiter les vases métalliques tout en restant un objet spécifique et non une simple imitation.
Les vases en bucchero sont aujourd’hui présents dans de nombreux musées du monde grâce à des dons de collections, constituées pour la plupart aux XVIIIe et XIXe siècles. Toutefois, le bucchero a d’abord été considéré comme un objet ayant peu de valeur par les marchands, contrairement aux vases à figures rouges et noires. Les vases en bucchero étaient ignorés ou intentionnellement détruits au moment des découvertes par des fouilleurs qui avaient pour but de dénicher les pièces les plus prisées, afin de les revendre sur le marché à des prix élevés. La présence du bucchero dans une collection d’objets antiques peut s’expliquer par l’attrait des collectionneurs pour le caractère local de sa production, typiquement étrusque.

Liste et description du mobilier de la collection

Les vases en bucchero de la collection Beaufort présentent diverses formes répondant à deux fonctions principales : puiser / verser et boire.

Parmi les vases à puiser et à verser, la forme la plus représentée est celle des œnochoés à embouchure trilobée qui ont pour fonction de puiser et servir le vin mélangé lors du symposium. Ces vases présentent à peu près la même forme : un col étiré en hauteur, une panse arrondie reposant sur un pied à disque.  L’anse unique, qui va de la lèvre à l’épaule, souligne sa fonction. Ces trois œnochoés présentent un décor simple de stries verticales comprises entre deux lignes incisées.
Un deuxième type de vases à puiser et verser est l’olpé. Celle-ci a une forme légèrement différente de l’œnochoé : son col est haut, son épaule n’est pas marquée, voire inexistante, sa panse est beaucoup plus arrondie. Ce qui la distingue de l’oenochoé est son embouchure qui au lieu d’être trilobée est en forme de cercle. Cette olpé est décorée de palmettes réalisées avec des points estampés ainsi que de lignes incisées sur la panse.
La collection présente également un kyathos, qui a une fonction de louche, dont il est l’ancêtre. La vasque de ce kyathos est basse, l’embouchure évasée. L’unique anse est dédoublée et de section épaisse. L’ensemble repose sur un pied annulaire et il ne présente pas de décor. On peut le dater du dernier quart du VIIe siècle av. J.-C.
Enfin, se trouve une cruche à anse horizontale qui peut servir à la fois de vase à puiser et verser et de vase à boire. Il est légèrement plus petit, avec un col vraiment très fin, sans épaule, une panse bien arrondie et une anse horizontale qui se situe au milieu. Il présente un décor figuré estampé au centre de la panse : il s’agit d’une frise de cavaliers et d’animaux, réels et fantastiques.

Parmi les vases qui ont pour fonction de boire durant le symposium se trouvent quatre canthares. Cette forme apparaît dès 625 av. J.-C. en Étrurie. Ces vases ont une forme tronconique rectiligne qui repose sur un pied en trompette bas ou haut, ainsi que deux anses rubanées et surélevées qui partent de la lèvre jusqu’au bas de la panse. Les canthares de la collection ne sont pas tous en bon état de conservation, les parties les plus fragiles comme les anses hautes ou l’embouchure fine sont fragmentées.
Ensuite, les calices ont une forme assez similaire aux canthares, mais sont dépourvus d’anse. Leur fonction est visible grâce à leurs dimensions réduites et leur embouchure ouverte. Ils ont une forme tronconique évasée reposant sur un pied court ou haut en trompette. Ils présentent un décor en relief sur la carène ou des lignes incisées. 
Puis, la collection est pourvue de deux coupes, de formes différentes. La coupe sans anse présente une forme générale évasée et elle repose sur un pied également évasé. Cette coupe est partiellement détruite et sa partie haute est fragmentaire. Quant à la coupe avec deux anses, l’embouchure conique et évasée crée une forte rupture avec la panse en forme de calotte hémisphérique qui repose sur un petit pied annulaire. En haut de la vasque, deux anses horizontales sont attachées. Cette kylix est, elle-aussi, fragmentaire, une anse a disparu ainsi qu’une petite partie de la lèvre, on remarque également la trace d’un recollage qui indique que le vase était fendu en deux.
Enfin, la patère, qui n’a pas d’anse, peut servir, durant le service du vin, à boire ou, pendant le rituel de la libation, à verser du liquide en l’honneur des dieux. Ce vase est de petite taille, sa vasque est basse, marquée par une carène, la lèvre est épaissie à l’extérieur.  Cette patère est en très bon état de conservation. Elle possède des bandeaux incisés sur la lèvre et la carène et trois sur le pied.


Bibliographie

  • M. Del Chiaro, « Etruscan bucchero pottery », Archaeology, 19-2, 1966, p. 98-103.
  • J. Gran-Aymerich, « Le bucchero et les vases métalliques », Revue des Études Anciennes, 97, 1995, p. 45-76.
  • P. Perkins, Etruscan Bucchero in the British Museum, Londres, 2007.
  • N. H. Ramage, « Studies in Early Etruscan Bucchero », Papers of the British School at Rome, 38, 1970, p. 1-61.
  • M.-H. Santrot, D. Frère, L. Hugot (dir.), Vases en voyage de la Grèce à l’Étrurie, catalogue de l’exposition (Nantes, Musée Dobrée), Paris, 2004.