Les vases étrusco-corinthiens

Les vases étrusco-corinthiens de la collection du général de Beaufort présentent des typologies différentes, représentant des vases destinés au banquet (une kylix, une amphore, deux olpai) et des vases destinés à la cosmétique (un alabastre et trois aryballes).

Concernant les vases servant à la consommation du vin, leur fonction est dictée par leur forme. La kylix (1967.2.1142.24) servant à boire, en accord avec la tradition, a une lèvre largement ouverte. À l’inverse, l’amphore (1967.2.1142.27) est le vase du transport du vin pur, que son embouchure étroite permet de conserver tandis que les deux anses verticales permettent une bonne saisie. Ensuite, les olpai (1967.2.1142.28 et 967.2.1142.34), servent à verser le vin mélangé puisque la panse ovoïde et l’anse unique sont conformes pour ce rôle.

Les vases servant à la toilette, l’alabastre (1967.2.1142.45) et les aryballes (1967.2.1142.49, 1967.2.1142.50 et 1967.2.1142.53), sont utilisés comme contenant à parfum. La forme élancée de l’alabastre, fait propulser les gouttes sur le corps lorsque l’objet est secoué. L’épaisse lèvre et l’embouchure très étroite évite les trop grosses gouttes de parfum. Son anse est particulière car elle n’a qu’un trou pour passer le doigt. Les aryballes suivent la même fonction mais leurs formes diffèrent légèrement pour une panse sphérique.

Tous les vases étrusco-corinthiens de la collection sont ainsi datés entre 630 et 550 av. J.-C. D’après A. Giuliano et G. Buzzi, le style étrusco-corinthien tire son nom de ses influences corinthiennes, et il prospère dans le temps avec une forte production artistique. En Grèce dès la fin du VIIIe siècle et jusqu’au VIe siècle av. J.-C., Corinthe est le centre commercial grec. Sa prospérité commerciale est due aux nombreux échanges avec tout le bassin méditerranéen. La céramique étant facile et légère à transporter, elle est rapidement importée vers l’Étrurie. Le renversement du pouvoir à Corinthe entraîne la migration de certains artisans en Étrurie, dont des céramistes qui implantent leur art. Les nouveaux ateliers créent une production de vases dont le style allie traditions étrusques et corinthiennes. On distingue alors les caractéristiques picturales corinthiennes de celles étrusco-corinthiennes. Dans le style corinthien, on retrouve des décors miniaturistes, avec de la végétation, marquée par de fines incisions. Il y aussi des rehauts de peinture rouge et blanche, des frises de languettes et animaux réels ou fantastiques. Ces différentes frises, figuratives ou géométriques, forment différents registres de motifs qui permettent une composition harmonieuse, dans les formes et les couleurs. L’art étrusco-corinthien adopte ces caractéristiques corinthiennes en les adaptant à son style propre.

Sur les vases étrusco-corinthiens de la collection, il y a peu de figures humaines. En revanche, les animaux sont abondamment représentés. Parmi les animaux en frise dans les différents objets de notre corpus, apparaît la panthère. On reconnaît cet animal car il est représenté avec la tête de face et les différentes parties de son corps sont alternativement en rehaut de rouge ou en vernis noir. Cet animal est souvent associé à la figure du lion. On les différencie facilement car le lion a toujours la tête de profil, la gueule ouverte et la langue pendante. Ces deux félins sont couramment représentés sur les vases étrusques. Un autre animal, identité comme une lionne, est représenté deux fois sur l’olpé figurée (1967.2.1142.28). Celui-ci possède un corps allongé, ses pattes sont à plat, sa gueule est fermée et présente un double trait sur le museau. Cette représentation est rare dans la céramique étrusco-corinthienne car ces animaux sont considérés comme fantastiques. On explique cela car les artistes étrusques n’avaient jamais réellement vu de leurs propres yeux de vrais panthères, lions ou ours. Ces animaux orientaux sont des symboles royaux pour les Étrusques.

En revanche, d’autres animaux présents en Étrurie sont également représentés. Apparaissent ainsi sur l’olpé figurée des oiseaux aquatiques, un cerf et un bouc. Ces deux derniers ont tous les deux des bois sur la tête baissée vers le sol pour paître, tandis que les oiseaux aquatiques sont soit en marche simple soit ils ont les ailes déployées. Sur l’alabastre (1967.2.1142.45) il y a deux chevaux affrontés et montés. Ils encadrent une panthère au centre entourée d’oiseaux. Cette disposition fait penser à celle d’une chasse, une activité aristocratique, d’un félin dangereux.

La présence de ces objets dans la collection Beaufort n’est pas expliquée par les archives. Ce manque de documentation pose des problèmes aujourd’hui pour retrouver le contexte de ces vases. Le général de Beaufort a sans doute acheté ces objets au cours de sa mission à Corneto.


Bibliographie

  • R. B. Bandinelli, A. Giuliano, Les Étrusques et l’Italie avant Rome. De la Protohistoire à la guerre sociale, Paris, 2008.
  • A. Giuliano, G. Buzzi, Splendeurs étrusques, Paris, 1992.
  • M.-H. Santrot, D. Frère, L. Hugot (dir.), Vases en voyage de la Grèce à l’Étrurie, catalogue de l’exposition (Nantes, Musée Dobrée), Paris, 2004.