Informations détaillées
Inv. A 7400
H. 7, 2 cm ; L 22,5 cm
Production corinthienne, VIe siècle av. J.-C.
Lieu de découverte : nécropole de Camiros à Rhodes
Notice complète
La kylix est une coupe pour boire le vin, elle fait partie des ustensiles du banquet. Remplie de vin cette coupe sert à déguster le vin selon le rituel très codifié du symposion. C’est une production destinée à une clientèle aisée, le rituel du banquet étant lui-même un rituel aristocratique, inspiré de la mode grecque. Cette coupe a été réalisée en céramique épurée. Elle se compose d’un petit pied sur lequel repose la panse, le col et la lèvre qui est plutôt ouverte afin de former une coupe, deux petites anses sont placées sur le col. Cette kylix est décorée de motifs d’oiseaux en figures noires rehaussées de rouge, avec des incisions pour les détails anatomiques. Ceux-ci reposent sur une bande géométrique constituée de lignes tournant au-dessus du pied au niveau de la panse en alternant liserés rouges et bandes noires. Elle correspond aux caractéristiques de la production corinthienne archaïque par son aspect : céramique peinte à pâte claire avec des décors au vernis noir rehaussé de rouge, mais également par son iconographie.
Par son décor à motif zoomorphe en frise, ce vase révèle d’emblée sa stylistique. En effet, la manière dont les volatiles sont représentés et leur disposition en frise nous invitent à faire l’analogie avec la tombe Campana de Véies datant de 670 av. J.-C., proche du style protocorinthien.
Il serait cependant réducteur de le cantonner à ce seul style d’autant qu’il n’en épouse pas toutes les caractéristiques. La technique d’incision révélant les détails anatomiques et sa polychromie font entrer cet ouvrage dans le style corinthien moyen. Les innovations techniques nous empêchent de le dater au-delà de 630 av. J.-C., mais l’influence protocorinthienne nous laisse supposer que cette réalisation s’inscrit dans un style corinthien naissant, datant du début de la période corinthienne moyenne soit entre 625 et 580 av. J.-C. Le compromis entre l’influence protocorinthienne et les innovations techniques de la figure à vernis noir rehaussé se retrouve dans l’olpé 73, exposée au Musée grégorien étrusque du Vatican, et dont la réalisation se situe également à la frontière entre période protocorinthienne et corinthienne soit entre 630-615 av. J.-C. Si la qualité des figures, dont témoigne la subtilité des incisions qui dessinent le plumage et l’anatomie, sème le doute quant à l’origine étrusque de cette production, sa résistance au temps atteste véritablement par sa qualité de son origine corinthienne. Ce vase de manufacture corinthienne témoigne de l’hégémonie culturelle dont jouissait la cité de Corinthe et des influences qu’elle exerçait sur le monde étrusque de la fin du VIIe siècle av. J.-C.
Bibliographie
Lissarrague F., Un flot d’images. Une esthétique du banquet grec, Paris, 1987
Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie [exposition, Nantes, Musée Dobrée, 23 janvier 2004-fin avril 2007], Paris, 2004.