Au sein des vases attiques de la collection Beaufort se trouve cette kylix de production attique. Cette typologie, reconnaissable notamment par ses anses horizontales qui semblent se recourber, représente l’influence hellénique au sein de la culture étrusque et renvoie à une pratique grecque importée en Étrurie, le symposion, lors duquel elle sert à boire le vin mélangé.
La coupe n’est pas dans un bon état de conservation, elle est tronquée sur une de ses moitiés, et la seconde anse, encore visible, est fragmentaire. Il est toutefois possible d’identifier la typologie de l’objet, la technique utilisée ainsi que l’iconographie. Il s’agit d’une kylix attique à figures noires produite lors du deuxième quart du VIe siècle avant J.-C.
La composition de la frise figurée sur la panse est répétitive. La frise fait alterner des personnages masculins représentés entièrement de profil, vêtus d’un drapé et couverts d’un himation sur les épaules qui pointent un doigt vers des personnages masculins nus en train de danser, dont un est ithyphallique. Sous chacune des anses se place un homme, identique aux personnages masculins vêtus, mais représenté plus petit que les autres. De surcroît, les proportions des personnages sont trapues, le visage présente un menton en galoche, les yeux sont en amandes et le front est étiré. Le mouvement est également typique de la période archaïque. Ce groupe de personnages repose debout sur des frises de motifs géométriques, trois bandes encadrant, de part et d’autre, une frise de points. Ces motifs sont suivis d’une frise de motifs en dents de loup puis d’une bande noire jusqu’au pied unique.
Le décor extérieur présente un cortège composé de comastes, danseurs et musiciens. Ainsi, il est possible de proposer une hypothèse quant à la scène figurant sur la coupe : les personnages représentés en action participent à une scène festive. Rappelons que la kylix est utilisée lors de la cérémonie du vin, le symposion. Sans doute le groupe de personnages, placés en frise les uns derrière les autres, pratique le komos, un cortège musical, composé de Komastes, qui se déroule au cours du banquet. En outre, la coupe propose une iconographie uniquement composée d’hommes : le symposion, chez les Grecs, se pratiquait sans les femmes et n’avait pas cet esprit de réunion familiale et de partage présent chez les Étrusques.
La présence d’oeuvres grecques au sein de tombes étrusques, s’explique par l’intérêt porté par l’aristocratie étrusque, responsable de commandes et d’importations d’artisanat grec. L’étruscomanie, qui commence dès le XVIe siècle et qui reprend souffle à la suite des découvertes des tombes étrusques au XIXe siècle, justifie également cet intérêt que le général de Beaufort a pu avoir pour ces objets de la période antique. Si nous devions nous demander en quoi cet objet est représentatif du rituel funéraire étrusque, il serait simple de conclure qu’il présente les caractéristiques du rituel emblématique des Étrusques, celui de la consommation du vin, mais qu’il possède également une fonction culturelle et sociale, accompagnant le défunt dans l’Au-Delà, par la fête, le loisir et l’éternelle réalisation des rituels.
Bibliographie
- P. Rouet, « Aux origines de la céramologie grecque : l’étude des vases attiques avant Beazley », Histoire de l’art, 29, 1, 1995, p. 3-12.
- J. D. Beazley, The Development of Attic Black-Figure, Berkeley-Los Angeles-Oxford, 1986.