Histoire de la ville

Lipari se trouve au nord de la Sicile, au centre de l’archipel des îles Eoliennes, un groupe d’îles volcaniques d’origine volcanique, baptisées ainsi en hommage à Éole, le dieu grec des vents. L’île occupait une position stratégique sur les routes commerciales maritimes entre la Sicile, l’Italie méridionale et d’autres régions de la Méditerranée

Entre 580 et 576 av. J.-C., un groupe de Cnidiens et de Rhodiens se sont installés sur Lipari, attirés par sa position stratégique dans la mer Tyrrhénienne (Diodore de Sicile, V, 9). Ils se sont installés à Lipari après avoir échoué à fonder une colonie grecque sur le site de Lilybée (ouest de la Sicile), ils étaient menés par Pentathlos, qui fut tué au combat avant la fondation de Lipari.

Lors de la fondation de la colonie grecque de Lipari, les colons se sont établis sur l’acropole, un site naturellement défendu situé au sud-est de l’île, à l’emplacement de l’actuel château. Vers 500 av. J.-C., une muraille fut érigée pour renforcer les défenses de l’acropole.
Les activités portuaires se concentraient principalement sur les côtes au pied de l’acropole, légèrement au nord de celle-ci. Avec l’expansion de la cité, la zone urbaine s’étendit progressivement sur les pentes menant aux plaines environnantes. Cette expansion s’accentua vers la fin du Ve siècle av. J.-C., période durant laquelle la ville connut un développement significatif.

Les Grecs ont établi une puissante flotte, notamment pour se défendre contre les pirates tyrrhéniens. A la suite de plusieurs victoires contre les Étrusques, ils ont érigé des monuments votifs au sanctuaire de Delphes (Pausanias, X, 11, 3-4 et 16,7). Les échanges avec d’autres cités grecques et cultures méditerranéennes ont stimulé le développement économique et commercial de l’île, en faisant un point central pour le commerce.

En 427 av. J.-C., durant la première expédition athénienne en Sicile menée par Lachès, les Liparotes,  d’origine dorienne comme les Syracusains, ont formé une alliance avec Syracuse. En 415 av. J.-C., lors d’une expédition athénienne ultérieure, les Athéniens, ont tenté d’établir une base à Lipari, mais ont été repoussés.

En 397 av. J.-C., les Carthaginois, sous le commandement d’Himilcon, ont pris le contrôle de Lipari. Toutefois, Lipari s’est libérée rapidement de la domination carthaginoise et s’est alliée avec Syracuse, ce qui lui a permis de connaitre une période de développement économique au cours du IVe siècle av. J.-C. Sous le règne de Denys l’Ancien, Lipari était d’abord alliée à Syracuse, puis plus tard à Tyndaris

En 304 av. J.-C., Agathocle, tyran de Syracuse, attaque l’île et exige un tribut de 50 talents. Cependant, cette somme aurait été perdue en mer lors d’un voyage vers la Sicile, un événement attribué à la colère d’Éole. Par conséquent, Lipari est passée sous la domination carthaginoise, devenant un point stratégique crucial pour la marine carthaginoise pendant la première guerre punique, en raison de ses ports et de sa position géographique stratégique.

Au début de la première guerre punique, Lipari était alors alliée à Carthage et servait de base avancée pour la flotte carthaginoise contre Rome. Les Romains ont assiégé la ville pendant dix ans en lançant régulièrement des assauts. Après ce siège, Lipari est finalement tombée aux mains des Romains en 252-251 av. J.-C.

Preuves archéologiques d’une production céramique

De nombreuses campagnes de fouilles ont été menées sur l’île par L. Bernabò Brea et M. Cavalier à partir des années 1950.

Les premières traces de production céramique remontent à l’âge du bronze, grâce à la découverte de fours localisés sur le Piano della Lenza.

Pour la période grecque archaïque, les vestiges archéologiques à Lipari sont limités. Les principales découvertes comprennent un bothros (puits à offrandes) sur l’acropole, probablement associé à un sanctuaire d’Éole, contenant des objets datés de production locale du début du VIe au milieu du Ve siècle av. J.-C., ainsi que des fragments de vases découverts dans d’autres secteurs de l’acropole.

S’agissant de la production de vases à figures rouges à Lipari, les indices disponibles sont indirects et reposent principalement sur les lieux de découverte de ces vases. En effet, la majorité des vases attribués au Peintre de Cefalù, l’un des premiers artistes de ce style à Lipari, ont été mis au jour sur l’île même. De même, l’ensemble des vases du Peintre de Lipari proviennent exclusivement de Lipari, retrouvés notamment dans des tombes. Ces observations ont conduit A. D. Trendall à conclure à une production locale destinée à une clientèle locale. M. Cavalier souligne également que cette production coïncide avec l’apogée politique, économique et culturelle de la cité. Cette période a favorisé l’essor d’un artisanat local dynamique, répondant aux besoins et aux goûts de la population.

Carte légendée de la Sicile

Bibliographie

  • L. Bernabò Brea, M. Cavalier, ‹ LIPARI (Isola) », dans Bibliografia topografica della colonizzazione greca in Italia e nelle Isole Tirreniche, vol. 9, Pise-Rome, 1991, p. 81-185.
  • M. Cavalier, ‹ L’atelier du peintre de Lipari au cours de la première moitié du IIIe s. av. J.-C », dans L’Italie méridionale et les premières expériences de la peinture hellénistique, Actes de la table ronde (Rome, 18 février 1994), Rome, 1998, p. 191-202.
  • M. Cavalier, ‹ La Lipàra grecque », dans M. Cavalier, Les amphores du VIe au IVe siècle dans les fouilles de Lipari, Naples, 1985, p. 19-21.
  • M. Cavalier, ‹ Le bothros d’Éole », dans M. Cavalier, Les amphores du VIe au IVe siècle dans les fouilles de Lipari, Naples, 1985, p. 59-71.