Poseidonia-Paestum

Poseidonia est une colonie secondaire grecque fondée vers 600 av. J.-C. par des Achéens venus de Sybaris, une colonie grecque de première génération implantée en Calabre. L’origine de sa fondation nous est donnée par Strabon et Aristote et est attestée par l’archéologie. En effet, grâce à la découverte des plus anciennes sépultures du site dans la nécropole de l’Arenosola avec des vases grecs datant d’environ 630 620 avant J.-C. et grâce aux fouilles archéologiques permettant de découvrir le sanctuaire dédié à Héra, les chercheurs ont établi l’arrivée des grecs à Paestum à la fin du siècle, vers 600 avant J.-C..

Dès sa fondation, la ville est influencée par des cultures diverses qui s’expliquent par son emplacement géographique. La ville est en effet fondée près d’ un réseau de routes commerciales la reliant aux autres colonies grecques, aux villes étrusques et italiques ainsi qu’au bord de mer, la rattachant aux réseaux commerciaux maritimes. Cela explique la diversité des productions importées au fil des siècles. Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir des vases protocorinthiens datant de 630 avant J.-C., ce qui constituent les plus anciennes importations sur le site.

Au Ve siècle avant J.-C., des importations orientales à Paestum sont attestées grâce à la présence de signatures sur les vases, notamment du Peintre d’Étrérie, dont l’atelier se trouve en Attique. Ces importations sont utilisées dans le contexte funéraire. Au cours des Ve et IVe siècles avant J.-C., soit des artisans étrusques sont venus produire de la céramique à Paestum, soit il y a eu des importations de vases étrusques puisque des vases réalisés selon la technique des figures rouges surpeintes ont été retrouvés. Cela correspond à une technique étrusque peu, voire pas du tout, utilisée dans les ateliers italiotes.

À la fin du Ve siècle avant J.-C., Paestum est envahie par la population lucanienne apportant une nouvelle culture dans la ville. C’est à ce moment de la ville change de nom et prend le nom osque de Paistom, nom qui a été latinisé en Paestum, toujours utilisé aujourd’hui, lors de la déduction de la colonie romaine en 273 av. J.-C. Cet événement historique influence la production locale de vases qui se développe afin de répondre aux nouvelles coutumes funéraires. Enfin, il est intéressant de noter la circulation d’artisans sicéliotes au cours du IVe siècle avant J.-C.. dans la cité, hypothèse avancée par Trendall dans son ouvrage Red Figured Vases of Paestum publié en 1987 en s’appuyant davantage sur des analyses et des rapprochements stylistiques; hypothèse qui a été depuis reprise par les chercheurs. Paestum est donc une ville mixte, gréco-italique dont la production locale, influencée par des cultures diverses, commence vers 380 avant J.-C.. Les ateliers locaux produisent des vases qui ne seront que très peu exportés en dehors de la cité ou de la région. 

D’une manière générale, les recherches archéologiques menées à Paestum depuis le début du XXe siècle n’ont permis de mettre au jour aucun atelier de potier. Cependant, la thèse de Maria Luigia Rizzo, soutenue en 2015, nous indique que grâce à des découvertes de déchets de four, d’outils, de terres cuites et de céramiques, trois potentiels quartiers artisanaux ont été identifiés à Paestum. Le premier serait l’atelier situé à l’extrémité ouest de la ville antique vers la zone de la Porta Marina et aurait été en activité entre le IVe siècle et le IIIe siècle avant J.-C.. Le second serait situé dans la zone dite de Porticus, puisque les archéologues ont trouvé sur le site un édifice que certains identifient comme une structure dédiée à l’artisanat, mais cette hypothèse ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique. Ce bâtiment aurait été construit au IVe siècle avant J.-C. et détruit au IIIe siècle avant J.-C. avant d’être recouvert. Le fait que ce site ne soit pas identifié avec certitude comme un quartier artisanal par l’ensemble des chercheurs tient à la présence insuffisante de traces caractéristiques de l’activité artisanale. Enfin, le troisième quartier artisanal identifié aurait été construit au-dessus d’un temple archaïque au IVe siècle avant J.-C. et fut lui-même recouvert au IIIe siècle avant J.-C.. Grâce aux recherches de Maria Luigia Rizzo, nous pouvons appuyer le propos selon lequel la production de céramique à Paestum s’est faite entre le IVe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle avant J.-C..   

Bibliographie

  • R. Bosi, Les cités grecques d’Occident, Paris, 1982.
  • M. Denoyelle, La céramique grecque de Paestum : la collection du musée du Louvre, 2011.
  • M. Denoyelle, M. Iozzo, La céramique grecque d’Italie Méridionale et de Sicile, Paris, 2009.
  • J. Griffiths Pedley, Paestum, Greeks and Romans in Southern Italy, Londres, 1990.
  • M. L. Rizzo, Aree e quartieri artigianali in Magna Grecia, Paestum, 2019.