La musique faisait partie intégrante de la vie des Étrusques. Considérée comme une forme d’art, elle avait plusieurs fonctions. Principalement religieuse et artistique, elle pouvait également être militaire et politique. Elle était pratiquée à travers six instruments différents divisés en trois catégories (instruments à vent, à corde et à percussion) dont les usages répondaient à des codes précis.
L’aulos, sorte de hautbois, était une flûte double composée d’une anche de roseaux (pièce créant les vibrations) et percée de six ou sept trous. Cet instrument était réservé à des professionnels, généralement des domestiques, et servait notamment à accompagner les banquets et les symposia, les danses collectives, les combats de boxe, les ludi (jeux étrusques), les sacrifices, les processions et les rites funéraires (dont la prothesis, rite d’exposition des défunts). Lors des cérémonies funéraires, pour pouvoir jouer un son plus aigu, les aulètes (joueur d’aulos) se munissaient d’une phorbeia. Il s’agit d’un harnais qui entoure la tête et maintient l’anche de l’aulos contre les lèvres du musicien, lui permettant de soulager ses bras et de concentrer ses forces dans son souffle.
Le lituus, trompette longue de plus d’un mètre et à l’extrémité recourbée était à la fois un instrument annonciateur de guerre et un instrument religieux. En effet, il était utilisé par les pirates étrusques pour coordonner les mouvements des navires avant de piller les bateaux, majoritairement grecs (ce qui conduisaient ces derniers à systématiquement associer l’instrument aux Étrusques), mais aussi par les militaires pour signaler le début du combat. Lors des processions religieuses, la présence du lituus signalait que le défunt était un magistrat, donc un homme politique haut placé.
La cithare en berceau, à la caisse arrondie en bois munie de sept cordes, était jouée à l’aide d’un plectre, en ivoire ou os, qui permettait de gratter les cordes qui n’étaient pas isolées par la main du citharède (joueur de cithare). Plus compliquée à jouer que la lyre, elle était réservée aux domestiques et assistait l’aulos dans les banquets ainsi que dans le rite funéraire permettant au défunt de rejoindre l’au-delà.
La lyre, faite d’une carapace de tortue et de quelques cordes, quatre généralement, est, de par sa simplicité, un instrument joué également par les maîtres pour festoyer. Elle est support du chant. Elle est aussi utilisée pour l’éducation des jeunes aristocrates étrusques.
Le cor, instrument à vent métallique, produit un son plus grave que le lituus mais accompagne également les processions funéraires des magistrats et les manœuvres militaires. Il est joué par un corniste.
Les crotales, seul instrument à percussion étrusque connu, sont l’équivalent des castagnettes modernes. Ils ne sont employés que dans ces circonstances : les danses exécutées par des femmes lors des jeux, spectacles, danses en armes et banquets. Les danseuses aux crotales peintes dans les tombes assuraient la satisfaction des besoins des défunts et permettaient, de par les mouvements bruts, de chasser les emprises maléfiques.
Bibliographie
JANNOT Jean-René, “Musiques et musiciens étrusques”, In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 132e année, n. 2, 1988, p. 311 à 334.
FRERE Dominique, “Gestes et sons du pouvoir dans les mondes italiques et Étrusques”, In : Les sons du pouvoir dans les mondes anciens, Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2013, p. 265 à 273.
BRIQUEL Dominique, “Les inventions musicales de Tyrrhènes : un complément”, dans Etrusques : Les plus heureux des hommes, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2014, p. 17 à 28.