La période orientalisante, qui s’étend de 730 à 580 av. J.-C., est le témoin de l’émergence d’une élite militaire, économique et religieuse qui dispose d’attributs reconnaissables en lien avec leur fonction, qu’elle soit religieuse militaire ou civile. Ces insignes sont présents dans les rites funéraires, les combats militaires ou encore la musique.
Cette dernière joue un rôle important dans le quotidien étrusque et est aussi un marqueur social qui sépare les maitres des esclaves et les hommes des femmes. Certains instruments peuvent aussi acquérir une valeur symbolique. Ainsi le cor appartient au domaine militaire et guide les troupes au combat.
Le lituus, un type de grande trompette recourbée, peut être rapproché d’un bâton royal, et, selon Maria Bonghi Jovino, elle est aussi associée à la figure du prêtre-roi. Dans un article, Maria Bonghi Jovino fait part de la découverte, dans le dépôt de la Civita datant du début du VIIe s. av. J.-C., d’un lituus accompagné d’une hache et d’un bouclier. Selon elle, les trois objets font partie d’une cérémonie sacrée et rassemblent différents types de pouvoirs : le bouclier appartient à la sphère militaire et la hache à celle religieuse.
D’autres insignes appartiennent au domaine militaire. Ils inspirent les Romains pour la désignation des insignia imperii, leurs marqueurs de pouvoir ; la toge prétexte et le siège curule des magistrats, la cérémonie du triomphe ou encore le cortège des licteurs portant des faisceaux, sont autant d’éléments hérités, selon Dominique Briquel, de la culture étrusque. Un faisceau de licteur datant du VIIe s. av. J.-C. a notamment été découvert dans la Tombe du Licteur de Vetulonia. Ces faisceaux sont composés de verges entourant une hache bipenne. Ils symbolisent le pouvoir de vie et de mort qu’ont les porteurs, les verges servant à battre et la hache à porter le coup final.
L’apparition des insignes de pouvoir étrusques peut s’observer dès l’époque villanovienne (IXe et VIIIe s. av. J.-C.) et ceux-ci sont attestés jusqu’à la période hellénistique (IIIe au Ier s. av. J.-C.), comme en témoigne la tombe dite “del Convegno” dans laquelle on trouve, comme l’indique Laurent Haumesser, une iconographie qui met en scène des licteurs tenant des haches bipennes. Un autre exemple est celui de la hache de la collection Beugnot au musée de Rouen, datant certainement du début de la période hellénistique. Comme exprimé auparavant, les insignia Imperii romains témoignent de la postérité des insignes de pouvoir étrusques.
Bibliographie
JANNOT Jean-René, “Musiques et musiciens étrusques”, In: Comptes rendus des séances de l’académie des inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, n.2, 1988, p. 311 à 334.
BONGHI JOVINO Maria, “La tromba-lituo di Tarquinia nel suo contesto di rinvenimento”, In: Aristonothos, rivista di studi sul mediterraneo antico, 2010.
HAUMESSER Laurent, “Une hache étrusque du musée de Rouen et la Tombe des Reliefs de Cerveteri. Contribution à l’étude des insignes de pouvoir en Etrurie”, In: Revue archéologique, n.60, 2015, p. 347 à 368.
BRIQUEL Dominique, Les Etrusques, Paris, 2018, p. 33 à 65.