En 2013, on découvre une tombe inviolée, la tombe de l’Aryballe suspendu. Au moment de la découverte, dans la chambre funéraire entre les deux banquettes, on trouve plusieurs vases, la plupart étrusco-corinthiens. On y découvre aussi des vases en bucchero et une coupe en céramique ionienne.
Cette kylix ionienne ou coupe ionienne en céramique épurée reçoit un décor statique très simple. Il y a une rupture marquée entre le col et l’épaule de ce vase puis une panse mesurée qui repose sur un pied peu large. Les anses sont petites et horizontales. Son décor est composé de bandes horizontales de vernis noir. La première, fine, recouvre la lèvre. La deuxième, plus épaisse, relie les anses. La panse est recouverte complètement de vernis noir. On n’y trouve pas de scène figurée. On retrouve sur le site de Salamine de nombreuses coupes ioniennes similaires à celle-ci datant de 620-600 av. J.-C.
Cette kylix est retrouvée avec une olpé et une œnochoé corinthiennes. Ces deux vases sont décorés avec plus de détails que la coupe ionienne, ce qui signifie qu’ils n’ont en effet pas tous été fabriqués en même temps ni au même endroit. Cependant ces trois vases en céramique composent un service à banquet pour la cérémonie du symposion. Le symposion est une cérémonie du vin, selon l’usage grec, où des hommes de sagesse se retrouvent pour partager leurs connaissances et consommer du vin mélangé à l’eau. Dans la culture grecque, seuls les hommes ont accès à cette cérémonie, ils sont allongés sur des banquettes. Les formes de l’olpé et de l’œnochoé servent, une fois prélevé le mélange du vin et de l’eau dans un cratère avec un kyathos (vase à anse unique très haute) ou une simpula (louche en bronze), à le verser dans un vase à boire comme la kylix. Il est assez surprenant de retrouver cette céramique ionienne en Étrurie. La présence de cette kylix ionienne peut s’expliquer par l’une de ces hypothèses :
– Le commerce : cette coupe est retrouvée dans la tombe d’un prince, et donc une personne noble ayant la richesse suffisante pour se procurer un vase ionien, en vente à un emporion grec proche, celui de Gravisca.
– L’immigration : il est possible que le propriétaire de cette kylix soit d’origine ionienne et ait dû fuir des guerres sur les territoires grecs, se réfugiant alors à Tarquinia où il s’installe, il fut inhumé avec des vases étrusques pour prouver son intégration sociale mais aussi avec un vase lié à ses origines.
– Les guerres peuvent aussi faire écho au butin de guerre, et donc après une victoire étrusque, un vase ionien est récupéré pour continuer de célébrer cette victoire lors des cérémonies.
– L’hospitalité : cette kylix est peut-être un cadeau offert à une personne importante de Tarquinia après que des Grecs de passage y ait séjourné.
Bibliographie
Becker, M. J., “Human Skeletal Remains Recovered from Tomb 6423. Appendice 1”, In : Orizzonti, 17, 2016, 27-29.
Centre Jean Bérard et Institut français de Naples (dir.), Les céramiques de la Grèce de l’Est et leur diffusion, Naples, 1978, p. 326 à 330.