Cumes est une colonie grecque fondée au milieu du VIIIe siècle av. J.-C., par les Chalcidiens de l’île d’Eubée, qui avaient peu de temps avant implantée l’établissement de Pithécusse, sur l’île d’Ischia, avec les Érétriens. Tite-Live (VIII, 22, 5) relie étroitement l’origine pithécusienne à la fondation ultérieure de Cumes. Il rappelle en effet que les Chalcidiens se sont d’abord installés à Pithécusses et ont ensuite ‹ osé transférer leur siège sur le continent ».

Déjà, quelques temps avant l’installation grecque, les Osques qui habitaient Cumes échangeaient déjà avec ceux-ci, comme l’atteste l’importation de skyphoi à chevrons datés de 760-730 av. J.-C. Mais nous observons une indéniable augmentation de la production de vases une fois les Grecs installés, qui amenèrent avec eux leurs traditions et techniques céramistes. Une fois les Eubéens définitivement installés, un nombre important de vases figurés furent produits, diffusés localement et exportés, notamment en Sardaigne, à Carthage ou encore en Espagne. Ces productions révèlent un net héritage des formes et décors eubéens, toutefois teinté d’une influence de la céramique protocorinthienne et corinthienne, comme le montrent les vases datés des VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. découverts lors des fouilles de la nécropole en 1912 sous la direction de Vittorio Spinazzola. 

Les céramistes de Cumes se fournissaient l’argile dans le même filon que l’établissement de Pithécusses, sur l’île d’Ischia. Il est d’ailleurs parfois difficile de distinguer la production de l’un ou l’autre, tant les ressemblances sont fortes. D’ailleurs de nombreux vases retrouvés à Cumes datant du VIIIe siècle av. J.-C. se révèlent être des importations de Pithécusses.

S’il s’agissait, pour le VIIIe siècle av. J.-C., d’une phase d’expérimentation de la céramique cumaine, le VIIe siècle avant J.-C. voit s’épanouir et stabiliser sa production, avec une reprise presque systématique des traditions de la mère patrie. Cette proximité culturelle avec l’Eubée s’illustre également par les rites funéraires, dont on observe, par exemple, la reprise des tombes à réceptacles, typiquement eubéennes, plutôt que les traditionnelles tombes à caisse, telle la tombe 104 Artiaco de Cumes.  

Même si durant cette période la proportion de productions locales dépasse largement les importations, certains vases viennent tout de même de Grèce. À ce moment-là, Corinthe est une référence incontestable et domine largement le marché des vases, comme en témoignent les nombreuses productions corinthiennes retrouvées dans les tombes de Cumes, en particulier des aryballes. Malgré cette forte influence corinthienne et ses importations, une production locale se met en place. Les objets produits localement sont principalement des œnochoés.  

En 580 av. J.-C., la céramique d’importation se fait de plus en plus fréquente, jusqu’à même prévaloir, et ce tout le long du Ve siècle av. J.-C.  Tout comme les Étrusques, sous la forte influence desquels la région s’est développée, les élites cumaines affichent un goût prononcé pour les vases à figure rouges attiques à partir de la fin du siècle, et cela se traduit donc par de nombreuses importations de vases attiques. Nombre de ces exportations ont transité par Naples, intermédiaire de choix entre Athènes et la Campanie. Lorsque ces exportations attiques diminuent, les relations entre Cumes et Naples ne s’arrêtent pas pour autant. La production locale supplante le marché attique et les productions de céramique cumaines, qui se développent à partir du début du IVe siècle av. J.-C., sont exportées dans toute la Campanie, notamment vers Naples.

En 421 av. J.-C., Cumes fut occupée par les Campaniens, nouvelle ethnie formée en partie par la population samnite, et se transforma en ville campanienne jusqu’à ce qu’elle fût passée, en 338 avant J.-C. sous le contrôle de Rome.

Carte des échanges entretenus par Cumes au cours des siècles (élab. J. Pissavy-Yvernault)

Bibliographie

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