Haches bipennes en bucchero du tumulus de Poggio Gallinaro

Deux têtes de hache bipenne (à deux lames adossées) en terre cuite noire dite bucchero, mesurant 162 mm, furent découvertes dans le tumulus de Poggio Gallinaro et dateraient de l’époque orientalisante entre le VIIIe et le VIe siècle avant notre ère. Elles sont ornées de six lignes incisées et superposées suivant les formes de hache sur leurs deux faces, au centre de ces lignes on retrouve un espace réservé sur lequel figure soit un motif de Y accolé et incisé, soit deux autres lignes affrontées et incisées.

La hache bipenne et sa fonction :

Par la nature de leur matériau, mais aussi par leur forme, ces deux haches n’étaient pas utilisées en tant qu’arme mais en tant que symbole de pouvoir. Le bucchero permet de les différencier de véritables armes, car l’armement étrusque était très sophistiqué avec des objets en bronze, le bucchero en revanche résulte être inefficace mais également très cassant. Les haches bipennes sont des symboles de pouvoir, comme on peut le voir sur l’une fresque de la tombe del Convegno à Tarquinia, où l’on retrouve deux licteurs portant de nombreux symboles de pouvoir parmi lesquels des bipennes. Les licteurs étaient les gardes d’un magistrat, mais également les porteurs de différents insignes qui permettaient de caractériser le magistrat en question. C’est également pour cette raison que l’on retrouve de tels objets dans des tombes, en particulier de licteurs ou de magistrats, afin de montrer l’importance qu’ils pouvaient avoir au cours de leur vie, même après la mort.

La pérennité de ce symbole :

La hache, qu’elle soit bipenne ou non, est un symbole de pouvoir bien connu des archéologues et des historiens et que l’on retrouve depuis très longtemps dans plusieurs civilisations. En effet, on pense que les Étrusques auraient soit inventé ce symbole, soit l’auraient importé. Par la suite, ce symbole se serait développé et exporté un peu partout en Europe avec sa reprise par l’empire romain. Ce symbole aurait survécu jusqu’à nos jours, comme le montre la reprise des différents symboles des licteurs, notamment les faisceaux, par Mussolini pendant la dictature fasciste italienne.

Bibliographie

HAUMESSER L., “Une hache étrusque du musée de Rouen et la tombe des reliefs de Cerveteri. Contribution à l’étude des insignes de pouvoir en Étrurie”, In: Revue Archéologique, n. 60, 2015 p. 347 à 368