Bibliographie
REBUFFAT-EMMANUEL Denise, Le jeu du Phersu à Tarquinia : nouvelle interprétation. In: Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 3, 1983. pp. 421-438
BOMATI Yves, Phersu et le monde dionysiaque, 1986, Bruxelles, p 21-32
JANNOT Jean-René. Phersu Phersuna, Persona. A propos du masque étrusque. In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique, 1993, pp. 281- 320.
La civilisation étrusque connait son apogée au VIe siècle, la construction de nécropoles telles que celle de Monterozzi, située à côté de la ville de Tarquinia se développe grâce à la présence d’artisans grecs. Dans la Tombe des Augures, découverte en 1878, qui est datée par les historiens de l’art entre 540 et 520 av. J.-C., figure un décor peint représentant une figure énigmatique nommée “Phersu” dans la didascalie étrusque qui l’accompagne. Avec la présence et le contact d’étrangers grecs, de nouvelles croyances religieuses plus élargies apparaissent. La figure de Phersu est un personnage typiquement étrusque qui apparaît pour la première fois dans la Tombe des Augures où les peintures recouvrent toutes les parois, un columen au plafond et une plinthe noire.
La paroi de droite montre une scène de combat avec un Phersu vêtu d’un pagne rouge et d’une tunique courte avec des morceaux d’étoffe claire. Il porte également un masque. Il tient une laisse qui s’entortille autour des jambes et des bras de son adversaire ; au bout, un chien attaque l’homme qui tient une massue dans sa main droite. Il est vêtu d’un accoutrement singulier : il porte une étoffe rouge autour des reins et un drap blanc recouvre sa tête. Plusieurs hypothèses ont été proposées quant à cette scène, dont une d’après Denise Emmanuel-Rebuffat qui fait le lien entre cette scène et le mythe grec de Cerbère, le chien légendaire qui garde l’entrée des Enfers.
Sur la paroi de gauche, Phersu est de nouveau représenté, seul cette fois. Il porte une tunique courte rouge laissant apparaitre son sexe, un masque rouge avec un postiche noir et un diadème blanc, son corps va vers la droite et sa tête est tournée vers la gauche. Il est entouré de végétaux et d’oiseaux. Cette représentation du Phersu est discutée, elle pourrait représenter un Phersu ludion (danseur), qui se situe dans l’outre-tombe où la danse et la joie sont permanentes. Il peut aussi être représenté en train de fuir, ce qui serait l’aboutissement du drame, la victoire sur la mort, ou bien plus comique, mais moins probable : une course poursuite avec son adversaire qui a repris le contrôle.
Phersu est un personnage énigmatique car il porte un masque rouge à la manière des masques de théâtre antiques. Sa tête, ses oreilles et son cou sont recouverts par un masque comportant une barbe postiche noire, un couvre-chef en pointe, un diadème blanc signe d’immortalité et une large échancrure blanche en forme de demi-rayon au-dessus de l’oreille. Phersu, qui se rapproche du mot latin persona signifiant masque de théâtre, est une sorte d’acteur. Il incarne une figure surhumaine, une force inquiétante qui fait irruption au moment de la mort, il annonce un drame: “le Jeu du Phersu“. C’est un événement tragique, un rite sacrificiel qui consiste à l’achèvement d’un homme pour l’âme d’un défunt.
Le Phersu apparait aussi dans la tombe de Polichinelle (530-520 av. J.-C.) et la tombe des Jeux olympiques (525-520 av. J.-C.), les caractéristiques du danseur et du combat sont similaires.