L’aristocratie et les échanges culturels avec le monde grec à l’époque orientalisante

Bibliographie

JANNOT Jean René, A la rencontre des Étrusques, Rennes, 1987, 149 pages.

BOARDMAN John, Les Grecs Outre-Mer, Naples, 1995, p. 42 à 55.

L’aristocratie étrusque se développe en lien avec les échanges avec le monde grec. Les Eubéens ont, en effet, des contacts commerciaux avec les Étrusques plus étroits depuis qu’ils se sont installés à Pithécusses et à Cumes. Des matières premières comme les minerais et les métaux sont exportés vers la Grèce qui exporte à son tour des objets, en particulier des vases peints en céramique. A la fin du VIIIe s. av. J.-C., les Grecs introduisent les premiers objets « orientalisants » et apportent des éléments culturels en Étrurie. Ils développent le symposion, cérémonie de consommation du vin, et importent les vases liés à cette cérémonie. La cérémonie du symposion grec vient compléter un rituel du vin déjà présent chez les Étrusques. Elle est surtout pratiquée par l’aristocratie étrusque, regroupée sous le terme de gens. La gens désigne une famille de même nom et inclut les esclaves, les serviteurs et les proches de cette famille. La cérémonie du symposion étrusque est différente de celle des Grecs car elle permet aux femmes d’y participer avec leurs maris.

Les premières inscriptions datent de 750 av. J.-C. L’alphabet et l’écriture ont été adoptés par les Eubéens et les Étrusques en Campanie grâce aux contacts fréquents avec les marchands phéniciens. Ils deviennent très vite l’apanage de la culture aristocratique, notamment sur les vases déposés dans les tombes. L’émigration d’artistes et d’aristocrates grecs se traduit dans l’historiographie par la venue de Démarate en Étrurie. Cet aristocrate grec émigre suite à un renversement de pouvoir à Corinthe. Il amène avec lui des artistes qui auraient apporté l’art de la sculpture en terre cuite. Cependant, ce personnage est peut-être fictif bien que cité par Tite-Live. Il reflète toutefois l’arrivée bien réelle de riches Grecs en Étrurie. Les ateliers d’artistes grecs émigrés ou d’artistes étrusques se développent dans les villes principales, notamment Tarquinia ou Vulci, bien desservies par les routes commerciales méditerranéennes.

A la fin du VIIIe et au début du VIIe s. av. J.-C., le commerce avec les Grecs entraîne un enrichissement des élites étrusques. Les lucumons sont des chefs de famille ayant une manière de vivre luxueuse, comme des princes. Pour eux, les Grecs organisent alors un commerce spécial de vaisselle luxueuse en échange des minerais, des métaux ou de denrées alimentaires comme le blé. Cet enrichissement se retrouve dans les tombes. Par exemple, la Tombe Regolini Galassi contenait un très riche mobilier funéraire en or, bronze et argent. Les tombes sont ornées de fresques, qui montrent en images l’adoption de certains usages grecs. Les jeux, comme le kottabe, qui consiste à lancer la dernière goutte de son vin sur son élu amoureux, ou la musique, avec l’aulos, une flûte double, sont mêlés à des scènes plus typiquement étrusques comme le symposion familial. Les Grecs apportent avec eux leur mythologie. Cela se retrouve dans les motifs ornementaux avec une abondance de scènes avec Héraklès (Hercule). Les échanges d’objets se font aussi dans le sens inverse, c’est-à-dire de l’Étrurie vers la Grèce, mais les chercheurs en ont trouvé peu d’exemples. Cependant, selon Pausanias, un roi étrusque appelé Arimnestos aurait été un des premiers étrangers à faire une offrande dans le sanctuaire d’Olympie.

Les apports du monde grec sont donc très importants dans l’évolution artistique et culturelle de l’Étrurie.

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