Le Sanctuaire d’Héra à Gravisca.

Le sanctuaire d’Héra découvert à Gravisca était un lieu de rencontre entre plusieurs peuples puisqu’il se trouve à quelques centaines de mètres du port de Tarquinia, une zone d’échange et de commerce de grandes richesses de Méditerranée. En effet, le sanctuaire de Gravisca était d’abord considéré comme un sanctuaire grec en territoire étrusque. Cependant, après plusieurs années de recherches dont les plus importantes furent menées par l’archéologue et historien de l’art Mario Torelli, on considéra ce sanctuaire comme un lieu d’échanges entre les populations grecques et étrusques.
On trouve dans ce site des traces des Phocéens, des Samiens et des Éginètes. Les premières présences de Grecs dans le port de Gravisca dateraient de la fin du VIIe et du début du VIe s. av. J.-C. et seraient seulement une étape intermédiaire d’un long voyage ayant pour destination l’île d’Elbe afin de faire l’acquisition de métaux.
Les Phocéens seraient les premiers à édifier un sacellum autour du culte d’Aphrodite en 590-580 av. J.-C. Les Samiens édifieront eux aussi un édifice de culte dédié à la déesse Héra vers 530-520 av. J.-C. Le sacellum dédié à Aphrodite s’ouvrait vers l’ouest, donnant directement sur le port de Gravisca où arrivaient les marchands tandis que celui d’Héra était ouvert vers le sud-est.
Ce sont les très nombreux vases en céramique ioniens et attiques retrouvés dans ce sanctuaire qui permettent de le dater de la période entre 580 et 480 av. J-C. On a d’ailleurs longtemps pensé que le sanctuaire était entièrement dédié à Héra car les dédicaces à cette déesse étaient nombreuses sur les tessons de céramique et beaucoup plus fréquentes que celles honorant Aphrodite. Il est important de noter que des cultes à d’autres dieux et déesses ont été retrouvés dans ce grand sanctuaire. En effet, on trouve des manifestations d’Aphrodite, Héra mais aussi Apollon avec une inscription grecque gravée sur une ancre en marbre de plus d’un mètre de hauteur ainsi que Artémis, Déméter et Perséphone.
Après plusieurs années de recherche concernant ces différents cultes de divinités présents sur le même sanctuaire, il a pu être certifié qu’il s’agissait d’un emporion où l’on trouvait des traces de différentes populations telles que des Étrusques et des Grecs d’Ionie mais aussi de Lydie, de Carie, de Laconie, de Milet et de Samos honorant différentes divinités.

Bibliographie

BLOCH Raymond, “Héra, Uni, Junon en Italie centrale”, In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1972, 116-2, p. 384 à 386.

HAACK Marie-Laurence, “Phocéens et Samiens à Gravisca”, In : BABESCH Bulletin Antieke Beschaving, n. 82, 2007, p. 29 à 35.

CARUANA Raimondo, Acquisizione e comunicazione dei dati archeologici: dallo scavo alla valorizzazione del santuario emporico di Gravisca, Tarquinia, 2020.