L’iconographie des courses équestres dans la peinture étrusque

La nécropole de Monterozzi est proche de la ville de Tarquinia. Elle compte 6000 tombes creusées dans la roche, dont 200 sont des tombes peintes. On retrouve au sein du site, dans la zone du Calvario, la possibilité d’observer les fresques in situ, c’est-à-dire directement dans les tombes. Les objets qui se trouvaient dans les tombes sont aujourd’hui conservés au Musée archéologique national de Tarquinia, tout comme certaines fresques qui ont été détachées des murs pour permettre leur meilleure conservation. On y retrouve deux tombes majeures quant à la représentation iconographique des courses équestres: la tombe des Olympiades et la tombe des Biges. Cette iconographie marque l’importance militaire du modèle aristocratique de type hoplitique. C’est un élément emblématique au sein de la représentation iconographique funéraire étrusque. Ces représentations sont issues de scènes de jeux athlétiques, pouvant parfois représenter aussi les prix de récompense pour les vainqueurs. On retrouve, dans les sépultures étrusques, la présence de biges. Ce motif connaît une grande notoriété entre le dernier tiers du VIe et le début du Ve s. av. J.-C.

L’apparition des hoplites, d’origine grecque, entraîne l’attribution d’un rôle militaire aux chars. Cela permet d’imposer une certaine valorisation individuelle du défunt. L’iconographie a pour fonction d’indiquer et de marquer le rituel funéraire dans un cadre familial. En effet, le statut des athlètes en Étrurie à cette époque, dépend également des grandes familles aristocratiques importantes au sein de la cité.


Au VIe s. av. J-C. , les défunts aristocrates sont représentés comme des conducteurs ou des passagers de chars. Cela permet de marquer leurs fonctions de magistrat au sein de la cité, tout du moins plus que leurs fonctions politiques. L’une des iconographies les plus connues datant de cette période étrusque, est celle des cavaliers-voltigeurs, nommés desultores. Ce terme signifie « apobate », c’est-à-dire un athlète acrobate sautant d’un char en marche et qui y retombe. Cette iconographie de jeux hippique se trouve notamment dans la tombe des Biges et des Olympiades de la nécropole de Monterozzi de Tarquinia. En effet, c’est une scène de type militaire liée aux techniques de combat. On remarque que les cavaliers et auriges représentés portent un casque, ainsi qu’une cuirasse. Les chars représentés dans les tombes ont une symbolique différente en fonction du nombre de chevaux qui les tirent. En effet, le bige militaire comporte deux chevaux, alors que le trige, typiquement étrusque ou le quadrige sont davantage destinés pour la parade ou l’apparat. Ces derniers sont un marqueur de puissance économique et politique des familles aristocrates de la cité. On constate également la représentation de courses de chevaux montés à cru, dès le milieu du VIe s. av. J.-C. Cette iconographie de la peinture étrusque présente une représentation naturaliste, souvent très animée ou dramatique. Cette dernière aurait même influencé le monde romain, au sein duquel la cavalerie romaine est un marqueur important pour la société. Toutefois, certains chercheurs pensent également que ce type iconographique se développe indépendamment au sein de la civilisation romaine. Cette ambivalence marque l’importance de ce motif iconographique dans les sociétés antiques.

Bibliographie

THUILLIER Jean-Paul, Les Jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, Rome, 1985.
THUILLIER Jean-Paul, « Les “desultores” de l’Italie antique », In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, n°133-1, 1989, p. 33 à 53.
ADAM Anne-Marie, « Aspects de l’iconographie des cavaliers en Étrurie du VIème au IVème siècles avant notre ère : représentation et idéologie », Mélanges de l’école française de Rome, n°107-1, 1995, p. 71 à 96.

Article lié :

Décor peint de la tombe des Olympiades
https://etrusques.univ-tours.fr/decor-peint-de-la-tombe/