Locres Epizéphyrienne

Locres Epizéphyrienne, est une cité fondée sur la côte orientale de l’actuelle Calabre entre la fin du VIIIe siècle et le début du VIIe siècle av. J-C. Elle a été fondée par des Grecs de Locride. La ville fut habitée en continue de sa fondation jusqu’à son abandon au cours du Haut Moyen Âge.  

Les ateliers de production de vase sont bien documentés pour cette ville car elle fut abandonnée et rien ne fut reconstruit par dessus, ce qui a permis aux archéologues de pouvoir fouiller dans les meilleures conditions.

Locres connaît une importante production artisanale sur tous supports, attestée par de nombreux fours mis au jour, ainsi que des rebuts de fabrication. Les ateliers sont souvent regroupés en quartier à l’intérieur comme à l’extérieur de la cité, à proximité des grands axes de circulation. Le plus vaste quartier mis à jour est nommé Centocamere. Les îlots de ce quartier regroupent tout ce qui est nécessaire à la création de vases.  Un des fours les plus anciens, de forme ‹ en U », se situe en aval de la stoa et est daté de la fin du VIIe siècle av. J-C.

Dès le IVe siècle av. J.-C., la production est attestée par des fragments de vases à figures rouges retrouvés dans des maisons. Pour cette même période, D. Elia, a pu démontrer la présence dans la cité d’ateliers produisant des vases à figures rouges, tels que celui du Peintre de Locres. Les vases attribués à ce peintre ont été principalement découverts dans l’habitat et dans les nécropoles. Les principale forme de ce maître sont des cratères, des lekanides, des askoi ou encore des vases à la forme plus unique, comme le vase dit le ‹ barillet ». Au IVe siècle av. J-C, la production céramique et l’utilisation des quartiers est de plus en plus intensive. Cette production est attestée par la découverte de dépotoirs regroupant une multitude de rebuts.

La production céramique atteint son apogée à l’époque hellénistique. Les fouilles en marge de la ville offrent, pour cette période, une documentation importante. Douze fours ont été mis au jour en amont de la grande plateia. Près d’un des fours a été découvert 4 amphores entières de cette période. C’est un fait très rare que d’être capable de relier une production à un four. Pour certains de ces quartiers, les ateliers sont reliés à des maisons, ce qui forme des ateliers-maisons, alors que d’autres sont entièrement dédiés à la production artisanale. Par ailleurs, dans ces quartiers, de nombreux instruments en lien avec le travail de l’argile ont été retrouvés. Entre le milieu et la fin du IIIe siècle av. J.-C, les grands îlots de production disparaissent pour laisser place à des habitations, ce qui fait que les ateliers-maisons se multiplient mais ne compensent pas la perte des quartiers uniquement dédiés à l’artisanat. Ces aménagements correspondent à  la dernière phase de vie des quartiers, qui ont été abandonnés entre la fin du IIIe siècle et le début du IIe siècle av. J-C, au profit des ateliers-maisons. Souvent ces derniers sont composés d’une grande pièce de vie sur l’avant et deux plus petites pièces à l’arrière que les spécialistes interprètent comme des dépôts. On reconnaît les maisons de potier avec le four à l’intérieur de celle-ci. En outre, ont été retrouvés fréquemment à Locres deux fours se faisant face, ce qui peut être interprété comme une installation pour une production en série.
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Bibliographie

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