Mégara Hyblaea

Histoire de la ville

Mégara Hyblaea était une ancienne cité grecque située en Sicile, dans la région sud-est, non loin de Syracuse. Selon l’historien Thucydide, la ville est fondée par des colons arrivés de Mégare en Grèce sous l’ordre de l’œciste Lamis en 728 avant J-C.

Les colons grecs ont d’abord tenté de s’établir à l’embouchure du fleuve Porcaria, au nord du futur site de Mégara Hyblaea. Cependant, ils sont rapidement partis prêter main-forte aux habitants de Leontinoi, une cité eubéenne fondée à la même époque, dans leur conflit contre les populations indigènes. Expulsés de Leontinoi, ils se sont repliés sur la péninsule de Thapsos au sud, où leur chef Lamis a trouvé la mort. C’est alors qu’Hyblon, un roi sicule, leur a cédé des terres pour fonder une nouvelle cité. Ils ont ainsi baptisée cette nouvelle ville Mégara Hyblaea, combinant le nom de leur métropole et celui d’Hyblon.

La ville n’a jamais acquis une grande importance en raison de la rivalité avec Syracuse et d’autres villes comme Zancle, Catania et Leontinoi. Environ un siècle après sa fondation, vers 628 avant J-C, des habitants de Mégara Hybléa ont fondé une colonie secondaire, Sélinonte, probablement en quête de nouveaux territoires.

Au Ve siècle av. J.-C., la Sicile était le théâtre de conflits entre les Grecs, les Carthaginois et populations autochtones. En 483 avant J-C, Gélon de Syracuse déporte l’intégralité de la population de la ville, mais rien n’indique qu’elle ait été détruite (Thucydide, VI, 4). En effet, lors de l’expédition athénienne de Sicile, la ville est décrite comme déserte, mais non comme détruite (Thucydide, VI, 49, 4).

La ville est repeuplée dans la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., pendant la période associée à Timoléon. La ville est finalement détruite en 214 av. J.-C. par le général romain Marcellus lors de la Deuxième Guerre Punique, comme le rapporte Plutarque (Marcellus, 18,2).

Preuves archéologiques d’une production céramique

Bien qu’identifié dès le XVIe siècle, le site de Mégara Hyblaea n’a fait l’objet d’investigations officielles qu’à la fin du XIXe siècle, avec les premières campagnes de fouilles menées par Cavallari puis Orsi. Cependant, c’est véritablement à partir de 1949, grâce à une coopération entre l’École française de Rome et la Surintendance archéologique de Syracuse, que l’exploration systématique du site a permis de confirmer son identification comme la colonie grecque. Depuis lors, le site est devenu une référence pour l’archéologie coloniale, puisqu’il s’agit de l’unique colonie de première génération a être fouillée et étudiée de façon exhaustive, autant pour l’habitat que le monde funéraire.

Les fouilles archéologiques menées à Mégara Hyblaea, en particulier celles conduites par l’École française de Rome depuis 1949, ont révélé de nombreux vestiges témoignant des activités artisanales de la cité.

Concernant le travail de l’argile, des structures de production datant de l’époque archaïque à l’époque hellénistique ont été mises au jour dans différents secteurs de la ville. Il faut noter qu’aucune trace archéologique de production céramique n’a été identifiée pour les VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., correspondant aux premières phases d’occupation de la colonie.

Les premières découvertes significatives remontent à 1950 et 1951, lorsque G. Vallet et F. Villard ont mis au jour un four de potier daté de l’époque hellénistique et un autre daté du VIe siècle av. J.-C. dans le secteur central du plateau Nord, à proximité du temple appelé tempietto B. Les fouilles menées par H. Tréziny ont permis de découvrir deux autres fours datés du VIe siècle av. J.-C., situés en périphérie, juste à l’extérieur de la muraille sud. Ces fours étaient utilisés pour la production de statuettes en terre cuite et de vases. Les fours de cette époque étaient généralement de petite taille, avec un diamètre d’environ 1 mètre, et présentaient une structure circulaire supportée par une colonnette centrale.

Des découvertes antérieures avaient déjà mis en lumière l’existence de fours d’époque hellénistique. En 1922, Paolo Orsi avait fouillé un four de cette période dans la partie septentrionale de la ville. En 1950, près du four archaïque du tempietto B, un four de forme quadrangulaire, considéré comme étant en activité à l’époque hellénistique, a été mis au jour. De plus, plusieurs fours hellénistiques ont été découverts au sud de l’agora hellénistique.

Ces découvertes témoignent de l’importance de la production artisanale à Mégara Hyblaea et de son évolution au cours du temps. Elles ont permis de mieux comprendre l’organisation spatiale des ateliers au sein de la cité. La présence de ces structures de production disséminées dans différents secteurs de la ville suggère une activité artisanale dynamique et diversifiée.

Carte légendée de la Sicile

Bibliographie

  • M. Gras, H. Tréziny, ‹ L’artisanat à Mégara Hyblaea », dans J.-P. Brun (dir.), Artisanats antiques d’Italie et de Gaule. Mélanges offerts à Maria Francesca Buonaiuto, Naples, 2009, p. 87-98.
  • M. Gras, H. Tréziny, H. Broise, Mégara Hyblaea 5. La ville archaïque : l’espace urbain d’une cité grecque, Rome, 2004.
  • G. Vallet, F. Villard, Mégara Hyblaea 2. La céramique archaïque, Paris, 1964.
  • G. Vallet, F. Villard, P. Auberson, Mégara Hyblaea 3. Introduction à l’histoire d’une cité coloniale d’Occident, Rome, 1983.