Histoire de la ville

Selon l’historien grec Éphore de Cumes, la cité de Naxos a été fondée vers 735 av. J.-C., un an avant Syracuse. Elle est donc considérée comme le premier endroit où les navigateurs grecs ont fait escale en explorant la mer Méditerranée occidentale. Naxos était située sur une péninsule nommée ‹ cap Schiso », près d’un cours d’eau appelé Santa Venera, sur la côte est de la Sicile. C’était la première terre facilement accessible pour les Grecs, qui s’y sont donc installés et ont fondé la première colonie grecque de Sicile. Les fondateurs étaient des Chalcidiens, menés par Thuklès. Ils y ont érigé un autel de remerciement à Apollon Archégète pour marquer l’emplacement.

De par sa position géographique, Naxos était une ville importante pour le commerce des marchandises. Elle servait d’escale pour les navires chalcidiens venant de Grèce et allant vers la mer Tyrrhénienne. Cependant, cette vocation commerciale n’en a jamais fait une cité militairement puissante. Cette faible puissance militaire fit qu’en 476 av. J.-C., malgré la muraille, Gélon de Syracuse prit la citée en y déporta les habitants de Leontinoi et Catane qui avaient eux aussi une origine chalcidienne.

En 403 av. J.-C., Denys l’Ancien assiégea et rasa la ville de Naxos. La population survivante se réfugia sur le mont Tauros, où elle tenta de reconstruire une nouvelle cité, nommée Neapolis (‹ Nouvelle ville »), sans succès durable. Finalement, Andromacos demanda la création d’une cité au mont Tauros, nommée Tauromenion. Par la suite, Naxos fut occupée en 312 av. J.-C. par Agathocle, tyran de Syracuse, puis passa sous le contrôle de Hiéron II, avant d’être finalement reprise par Rome en 263 av. J.-C.

Preuves archéologiques d’une production céramique

Naxos a connu une production de vases de sa fondation à l’Antiquité tardive. Des fouilles archéologiques ont mis au jour une trentaine d’ateliers dédiés à la production céramique.

La découverte d’une oenochoé grecque de style géométrique dans la nécropole sicilienne de Coclonazzo, près de Taormina, témoigne de l’influence grecque dans la région et offre un aperçu de la production naxienne. En outre, les fouilles ont révélé une abondance de vases à figures noires provenant de Corinthe, auxquelles succédèrent les céramiques à figures rouges d’Athènes.

Durant la période archaïque, un quartier de coroplastes s’est développé au nord de la ville, à proximité de la colline de Saluzzo, riche en argile, matière première essentielle pour cette activité. Les fouilles de 1954 ont permis de découvrir deux fours dans le sanctuaire au sud-ouest de la cité. D’après les recherches, ces fours dateraient de la fin du VIIe siècle av J.-C. au début du Ve siècle av J. -C. L’un, le four A avait une chambre de chauffe circulaire et servait notamment à la production de vaisselle de table. L’autre, le four B, le plus grand et dont la chambre de chauffe était rectangulaire, servait à produire des tuiles et ornements architecturaux, sans doute pour le temple à proximité.
De plus, un dépôt de moules retrouvé en 1970 au sud de la péninsule de Schiso, datant de la fin du VIe siècle av. J.-C., apporte une preuve supplémentaire de l’activité coroplastique durant la période archaïque. En 1981, un four de la même époque a été mis au jour non loin de la zone portuaire de Naxos.

La période classique a été marquée par l’expansion de la production céramique à Naxos. Trois fours ont été découverts dans le quartier nord, toujours à proximité de la colline de Saluzzo. Un autre quartier de potiers, situé à l’ouest, a été fouillé en 1986. Si aucun four n’y a été trouvé, la présence d’un bassin rectangulaire de décantation suggère une activité de production de vases, qui s’est poursuivie jusqu’au début du IVe siècle av. J.-C. Enfin, les fouilles de 1972 ont mis au jour un dépôt de moules et de statuettes, confirmant une nouvelle fois la vitalité de la production artistique à Naxos.

Carte de la Sicile

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