Pithécusses se trouve sur l’ île d’Ischia, une île volcanique de la mer Tyrrhénienne. C’est le plus ancien établissement grec établi en Occident dont l’origine nous est donnée par Strabon. Selon lui, l’établissement se trouvant sur l’île, fut fondé par les Érétriens et Chalcidiens, venant de deux cités eubéennes, vers 775 av. J.-C. Sa présence est attestée à cette période grâce à l’archéologie, notamment funéraire. En effet, dans la tombe 168 de la nécropole San Montano, datée de 725 av. J.-C., une coupe-kotyle portant une inscription en alphabet eubéen a été retrouvée en 1954.

Le développement de la vie sur l’île est favorisé par une terre au sol fertile permettant l’agriculture et grâce au travail des métaux et de l’argile. Ce sont les fouilles de Giorgio Buchner, entreprises dans les années 1940 et 1950, qui ont permis de situer exactement certains emplacements des lieux de vie sur l’île. Les Grecs se sont installés principalement au nord de l’île sur le promontoire du Monte di Vico et sur le versant sud-est de la colline de Mezzavia.  

Carte des importations et des exportations de Pithécusses au cours des siècles (élab. M. David)

En venant s’installer sur ce site, les Eubéens ont importés avec eux les techniques et les styles de productions de leurs métropoles, repris par les productions locales, qui débutent dès la fondation de l’établissement. Ils produisent ainsi, principalement pendant la période géométrique, des vases inspirés des productions tardogéométriques eubéennes et protocorinthiennes. Ces productions inspirées des formes et décors eubéens sont vite remplacées par une importation de vases importés de Corinthe et d’Eubée, ralentissant la production locale de Pithécusses dès le VIIe siècle av J.-C.. Ceci est d’ailleurs renforcée par des importations de vases produits à Cumes à la fin du siècle. Ensuite, la production de Pithécusses concernait principalement des amphores servant à transporter du vin produits par les vignobles de l’île depuis l’époque géométrique. La production de vases ne s’arrête pas à Pithécusses car les potiers continuent, au fil des époques, de produire des amphores sans décor dans l’objectif de stocker et d’exporter le vin produits par les vignobles de l’île. 

C’est le prêtre Don Pietro Monti qui a mis au jour les vestiges d’un atelier de céramique à Pithécusses. Celui-ci a été découvert sous l’église Santa Restituta à Lacco Ameno. Ce sont ensuite les travaux de Giorgio Buchner puis ceux de Gloria Olcese qui complètent ces données, en réalisant des fouilles complémentaires et des analyses rétro-chimiques qui nous permettent d’attester de la présence d’un quartier artisanal de céramique à Pithécusses, et ce, depuis le VIII siècle avant J.-C. Le quartier devait s’étendre jusqu’à la rive où se trouvait le port. Son emplacement permettait d’accéder à de l’argile dont les gisements étaient sur les pentes nords du Mont Epomeo. Sept fours permettant de cuire les vases ont été retrouvés, utilisés sur une période s’étalant du VIIIe siècle avant J.-C. jusqu’au IIIe siècle av. J.-C. . Bien que ce soit le seul quartier artisanal qui ait fait l’objet de fouilles archéologiques, Don Pietro Monti a émis l’hypothèse selon laquelle ce ne serait pas l’unique quartier de céramistes sur l’île d’Ischia. 

Bibliographie

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  • P. G. Guzzo, ‹ Cumes et Pithécusses : les débuts de l’établissement des Grecs en Italie Méridionale » dans P. G. Guzzo, De Pithécusses à Pompéi. Histoires de fondations, Naples, 2016, p. 11-35.
  • G. Olcese, ‹ La produzione di anfore i ceramica a vernice nera a Ischia in età ellenistica: quartiere artiginiale sotto la chiesa di Santa Restituta a Lacco Ameno », dans R. F. Docter, E. M. Moormann (dir.) Classica Archeologicy  Towards the Third Millennium: Reflections and Perspectives, Amsterdam, 1999, p. 290-293.