Aryballe globulaire

    Propriétaire : Ville de Chartres
    Détenteurs précédents : Giampietro Campana, Musée du Louvre
    Numéro d’inventaire : 2009.44.1

    Caractéristiques matérielles et techniques

    Dimensions : Hauteur 8,5 cm ; diamètre de la panse 4,5 cm
    Matériau : Terre cuite épurée de couleur beige, peinture noir-brune et rouge
    Technique : Céramique tournée, décor peint
    État : Bon état général.
    Marquage : pas de marquage visible

    Typologie

    Dénomination : aryballe globulaire
    Date de création/fabrication : période orientalisante récente
    Style : étrusco-corinthien
    Fabrication : Étrurie
    Provenance : Étrurie

    Aryballe globulaire à décor linéaire coloré

    Cet aryballe globulaire à anse en ruban porte un goulot cylindrique terminé par une large lèvre annulaire et plate. L’orifice est bouché par de la terre cuite. L’objet est fait d’argile beige tournée et l’ensemble est décoré de peinture brillante noir-brune et rouge. Le plat de l’embouchure est orné d’un filet noir à l’extérieur et d’une bande rouge lie de vin, délimitée par deux filets noirs, créant un jeu de contraste avec le fond clair de l’argile. Trois bandes horizontales noires décorent l’anse, tandis que la panse est ornée d’une alternance de deux larges bandes noires et d’une plus fine, rouge. Des languettes noires en goutte d’eau forment un motif continu sur le pourtour de l’épaule.

    Cet aryballe (aryballos, signifiant puiser en grec) est de forme sphérique, mais il existe également des aryballes ovoïdes ou piriformes à l’intérieur de ce même type de production (Santrot 2004).

    L’aryballe, comme les alabastres ou les lécythes et balsamaires (apparus plus tard, au Ve s. av. J.-C.), servait à stocker de l’huile parfumée, les amphores étant réservées aux huiles alimentaires et aux vins. L’anse permettait d’accrocher l’objet autour de la taille ou au poignet de son propriétaire à l’aide d’une lanière en cuir (Frère et Hugot 2010). Cette typologie de céramique étrusque à décor peint est une imitation locale d’exportations corinthiennes (Py 1993).

    © Ville de Chartres, musée des Beaux-Arts

    Les vases à parfums étrusco-corinthiens

    L’usage des huiles parfumées se répand à partir des VIIe-VIe siècles av. J.-C. grâce à la production de vases à parfums exportés par la ville de Corinthe. On retrouve ces vases dans tout le bassin méditerranéen. L’huile parfumée est un biotos, un bien de première nécessité, pour hommes, femmes, enfants, riches ou pauvres. L’huile les accompagne dans tous les moments de la vie, mariages, rituels religieux, banquet, guerre, palestre (sport), amours, toilette, médecine, et jusque dans la mort. On retrouve fréquemment des aryballes suspendus aux murs des tombes à chambre en Étrurie méridionale (voir le cas de la Tomba dell’Aryballos sospeso).

    Ces huiles, à base de sésame, de raifort, d’amande, mais surtout l’huile d’olive, sont parfumés à la rose, aux coings, au myrte, au safran, ou à la marjolaine. L’aryballe D134 conservé au Musée du Louvre témoigne d’une décoction de rue (traduction de ruta écrit sur la panse de l’objet), une plante amère comestible et médicinale.

    Les exportations corinthiennes de vases à parfums ont un immense succès en Grande Grèce, et des artisans céramistes de Corinthe s’installent en Étrurie, et exportent leurs productions locales dans le Latium, en Campanie, en Sardaigne, en Gaule du Sud, et à Carthage (Frère 2010).

    Comparaison stylistique et datation

    L’inventaire du Musée des Beaux-Arts de Chartres propose une datation de la première moitié du VIe s. av. J.-C., reprenant une détermination par groupes de production, soit sur la base d’une analyse stylistique (Colonna 1961 ; Amyx 1967 ; Martelli 1978), soit à l’occasion de la découverte d’ateliers (Cerchiai 1990). On retrouve cette datation pour plusieurs autres aryballes de même typologie (D.863.3.24, Musée Massey, Tarbes ; 168 Université de Lorraine, Nancy ; CAM.91.00.66 Musée départemental de l’Arles antique, Arles) dont le lieu de production est également situé en Étrurie, en Italie centrale.

    © Ville de Chartres, musée des Beaux-Arts

    Historique de la collection

    La collection Campana dont est issu notre aryballe est distribuée par l’État français aux musées de province pendant l’année 1863. Le musée des Beaux-Arts de Chartres étant classé musée de deuxième classe, le musée reçoit quatre marbres et 76 vases et terres cuites, sur les 11000 pièces acquises par la France. Les œuvres ont changé officiellement de propriétaire en 2009, lorsque le Louvre les a données au musée dépositaire. La totalité de la collection est aujourd’hui conservée dans les réserves du musée.

    Bibliographie

    WALTER C. 2008, « Les premiers envois d’antiquités classiques au XIXe siècle », in Les dépôts de l’Etat au XIXe siècle. Politiques patrimoniales et destins d’œuvres. Actes du colloque 2007, Paris, p. 152-169.

    AMYX D. A. 1967, « The Mingor painter and others: etrusco-corinthian addenda », Studi Etruschi 35, p. 87-111.

    BELLELI V. 2008, « Le parfum chez les Étrusques », in Parfums et odeurs dans l’Antiquité, Rennes, p. 227-236.

    BODIOU L., FRERE D., MEHL V. 2008, Parfums et odeurs dans l’Antiquité, Rennes, p. 187-196.

    BRIQUEL D. 2016, Catalogue des inscriptions étrusques et italiques du Musée du Louvre, Paris, p. 253-256.

    CERCHIAI L. 1990, Le officine etrusco-corinzie di Pontecagnano, Naples.

    COLONNA G. 1961, « Il ciclo etrusco-corinzio dei Rosoni », Studi Etruschi 29,  Rome,  p. 47-88.

    FRERE D., HUGOT L., SANTROT M.-H., 2004, Vases en voyage. De la Grèce à l’Étrurie, Paris, p. 87.

    FRERE D., HUGOT L. 2010, « Les vases à parfum du VIIe au IVe. s. av. J-C. », Dossiers d’archéologie 337, Paris, p. 34-39.