Coupe-kylix à figures rouges

    Informations détaillées

    Inv : A. 8175
    H. 12 ; L. 40,7 ; P. 32,6 cm
    Production attique, début du Ve s. av. J.-C.

    Notice complète

    Ce vase en céramique provient de Campanie mais ce n’est pas son lieu de production. Cette coupe a été réalisée en Attique, en Grèce, puis fut transportée jusqu’en Italie. Elle possède des traits communs avec la coupe du Louvre, à figures rouges également, attribuée au peintre Sabouroff (G.272) produit en Grèce. Cette kylix est, elle aussi, un vase grec retrouvé en Italie, en Campanie. Le médaillon central présente une frise de méandres alternés en croix qui est une des caractéristiques des productions grecques. Cette œuvre est un témoignage des échanges entre l’Italie et l’Attique, commerciaux mais aussi artistiques. Les vases grecs sont souvent présents dans les tombes campaniennes pour montrer la connaissance et le statut social des défunts. Ce vase présente des scènes d’enseignement de l’athlétisme. Sur les faces extérieures se trouvent deux scènes représentant à chaque fois un pédagogue et quatre élèves, tandis que le médaillon central présente un athlète et son maître. Le médaillon central est donc composé d’une frise de méandres alternés de croix à l’instar de la coupe du peintre Sabouroff, caractéristique des productions attiques. Cette frise délimite une scène figurée représentant deux hommes debout ; l’un est un jeune homme nu portant un disque, l’autre est un homme âge mûr vêtu d’une toge et tenant un bâton. Sur la première face extérieure du vase se trouvent, de gauche à droite, un élève s’apprêtant à lancer un disque, face à lui l’enseignant avec son bâton qui l’observe, puis trois autres élèves, dont le premier se nettoie la jambe avec un strigile et les deux derniers échangent entre eux. Sur la seconde face la scène figurée est composée, toujours de gauche à droite, de deux athlètes dont les javelots sont plantés dans le sol, suivis de deux lutteurs en combat observés par un pédagogue. Ces scènes sont séparées par des motifs de palmettes sur les anses de la coupe. Les kylix, ou coupes, sont utilisées pour boire le vin lors du symposion et sont donc très fréquemment retrouvées dans les tombes pour les rituels funéraires. Ces vases sont souvent décorés des scènes de mise en garde quant à la consommation du vin ou par des scènes de jeux qui font aussi partie des rituels funéraires. Ici, le thème se rapproche donc des jeux athlétiques avec par exemple le lancer de disque pour le médaillon central. Cette coupe est conçue pour un rituel funéraire et pas simplement pour le symposion. Ces motifs sont repris par les artistes étrusques comme on peut le voir avec la kylix de l’ancienne collection Rodin du musée Rodin (Co.01387), datant de 380 av. J.-C., où l’on retrouve le médaillon central composé d’une frise alternant le motif de méandres et de croix. Le rendu naturaliste y est également présent comme dans les kylix attiques mais les yeux sont toujours représentés de face contrairement à cette coupe qui initie les yeux représentés de profil. La kylix montre l’importation de vases attiques en Italie, plus précisément en Campanie. Cet échange est naturellement de nature commerciale mais pas exclusivement. Ces échanges peuvent démontrer le goût des Italiotes, Italiques et Étrusques pour les objets issus du mode de vie attique. L’essor artistique attique montre la véritable hégémonie d’Athènes, tant au niveau commercial que culturel. En effet, la puissance commerciale en Méditerranée d’Athènes à la fin de la période archaïque est devenue supérieure à celle de ses concurrents directs comme les Corinthiens ou les Ioniens. Ainsi, c’est bien les objets et la culture attique qui se transmettent directement en Campanie par le biais des échanges commerciaux.

    Bibliographie

    • PY Michel (dir.), Céramique Attique à figure rouge, Dictionnaire des céramiques antiques en Méditerranée Nord-Occidentale, 1993, p. 110.

    • GONDICAS Daphné, SINGER Gérard et GORGET Catherine, Le Banquet , Collection d’Antiquités Grecques, Orléans, Exposition des Entreprises, 1998, p. 6.

    • PALÉOTHODOROS Dimitris, “Pourquoi les Étrusques achetaient-ils des vases attiques ?”, In : Les Études Classiques, 2002, p. 139-160.
    • COLONNA Cécile, “Boire avec les dieux” , Revue de la BNF, n°38, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 2011-2012, p. 64-73.