Œnochoé à vernis Noir

    Propriétaire : État français (Musée du Louvre)
    Détenteurs précédents : Giampietro Campana
    Numéro de dépôt : 863.2.38
    Lieu de conservation : Musée des Beaux-Arts de Tours (réserves)

    Caractéristiques matérielles et techniques

    Dimensions : Hauteur 11,1 cm ; diamètre du pied 7,9 cm 
    Matériau : céramique épurée, vernis noir
    Technique : Céramique tournée, couverture au vernis noir
    État : Bon état général, traces d’abrasion au niveau de l’embouchure et de la panse
    Marquage : numéro de dépôt inscrit en bas de la panse à l’encre noire

    Typologie

    Dénomination : œnochoé à vernis noir
    Date de création/fabrication : période hellénistique (IIIe s. av. J.-C.)
    Style : céramique à vernis noir
    Fabrication : Italie centrale/Étrurie (Volterra ?)
    Provenance : Italie centrale/Étrurie

    ©Musée des Beaux-Arts de Tours

    Œnochoé avec un nœud d’Heraclès

    Cette œnochoé étrusque est en impasto clair de couleur chamois-jaune et est recouverte d’un vernis noir tirant vers des teintes olivâtres. La couche de vernis s’est estompée à divers endroits laissant apparaître la couleur de l’impasto. Elle est piriforme, avec une hauteur de 11,1 cm et un diamètre de 7,9 cm. L’embouchure de l’onochoé est ronde et à lèvre débordante. Le col est fin, il s’élargit sur une panse godronnée ; le pied de l’œnochoé est évasé avec un dénivelé. L’anse est dite « bifide » et forme un nœud d’Héraclès au niveau de l’embouchure.


    La céramique à vernis noir de Volterr

    L’impasto de ce « vasetto scanalato » (Campana 1858) est de couleur chamois clair et le vernis peint sur l’objet possède des teintes olivâtres. Ce type d’impasto et de vernis est représentatif des productions originaires de la cité de Volterra en Étrurie, parfois appelée production « di Malacena » (Montagna Pasquinucci 1972 p. 271). La technique utilisée pour cette œnochoé correspond au « tipo locale D ». La couleur de la pâte et du vernis est typique de cette classification. De plus, l’impasto a une consistance homogène et dure, dotant la confection d’une surface lisse et moins granuleuse.

    De fait, M. Montagna Pasquinucci a relevé, à travers ses recherches, que l’une des productions majeures de cet atelier de Volterra était celle d’œnochoés (Montagna Pasquinucci 1972 p. 277).  L’auteur a également présenté divers schémas de cette vaisselle produite à Volterra. L’œnochoé de Tours possède une forme similaire au schéma de l’œnochoé 477 (Montagna Pasquinucci 1972 p.480). En effet, la forme en poire de l’œnochoé, son embouchure ronde et large ainsi que la forme de son anse sont similaires à celle de Tours, qui cependant garde une certaine originalité avec son nœud d’Heraclès et son godronnage.

    Au musée du Louvre, l’œnochoé (Cp 1053) est datée de la même période et est considérée comme provenant d’Italie centrale. Cette œnochoé du musée du Louvre possède les mêmes caractéristiques pour la pâte et le vernis noir utilisées pour celle de Tours. Ces deux œnochoés sont donc les témoins de cette technique typique de l’Étrurie aux IVe et IIIe siècles av. J.-C.

    Plus tardivement, au IIe siècle av. J.-C., le style local de Volterra sert de modèle à la céramique dite « campanienne B » qui se différencie de la céramique « campanienne A » produite dans le golfe napolitain à partir de l’argile rouge de l’île d’Ischia. (Marchand 2004 p. 148)


    Le nœud d’Héraclès

    L’une des spécificités de cette œnochoé est son anse. De fait, celle-ci forme un « nœud d’Héraclès ». Ce type de nœud s’effectue de manière générale lorsque que l’œnochoé possède une anse bifide, ce qui est le cas de celle du musée des Beaux-Arts de Tours.

    J.-P. Morel expose la différence entre les vrais nœuds, qui sont assez rares à trouver, et les « pseudo-nœuds », qui en réalité ne sont que deux boudins au niveau de l’intersection entre l’embouchure et l’anse formés à partir de deux rubans d’argile placés de manière transversale. Les « pseudo-nœuds » ne sont donc qu’une manière simplifiée pour créer l’illusion d’un nœud (Morel 1994 p477-478).

    L’œnochoé de Tours possède un pseudo-nœud, lequel est composé de deux rubans d’argile au niveau de l’embouchure ; à l’inverse de l’œnochoé du Louvre (Cp 3250) qui présente un véritable nœud. Son nœud y est beaucoup plus délicat et complexe dans sa représentation, et ce contrairement à l’œnochoé de Tours dont le nœud est réalisé plus grossièrement. 

    Ce motif ornemental n’est pas une spécificité d’Étrurie dans la mesure où il se retrouve de manière plus générale en Sicile, Apulie, Campanie et Latium aux IVe et IIIe siècles av. J.-C., voire plus tardivement au IIe siècle av. J.-C. en Catalogne et aux Baléares (Morel 1994 p. 478).

    Figure 1 : Collection Musée du Louvre – œnochoé 863.2.38
    https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010350740

    Bibliographie

    CAMPANA Giampietro, Cataloghi del Museo Campana, Rome, 1858.
    https://bibliotheque-numerique.inha.fr/idurl/1/50973

    MARCHAND Frédérique, « Vases à vernis noir », in : Vases en Voyage : de la Grèce à l’Étrurie, SANTROT Marie-Hélène Paris (dir.), Paris, 2004.

    MONTAGNA PASQUINUCCI Marinella, « La ceramica a vernice nera del Museo Guarnacci di Volterra »,in: Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 1972. pp. 269-498
    https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_1972_num_84_1_924

    MOREL Jean-Paul, « Vasi a Vernice Nera », in : Enciclopedia dell’Arte, 1997,
    https://www.treccani.it/enciclopedia/vernice-nera-vasi-a_%28Enciclopedia-dell%27-Arte-Antica%29/

    MOREL Jean-Paul, « Céramique campanienne : Les formes. Deuxième tirage. » in : Ecole française de Rome, 1994. (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 244)
    https://www.persee.fr/doc/befar_0257-4101_1994_mon_244_1

    ROUILLARD Pierre (dir. DEVAMBEZ Pierre), Corpus Vasorum Antiquorum – Fasc.30 Musée des Beaux-Arts à Tours, Musée du Berry à Bourges, Paris, 1980.