Production d’Arpi

La production dans la ville d’Arpi se fait dans les années 340 à 300 av. J.-C. De la même manière que la production à Canosa et à Ruvo, les peintres tarentins viennent s’installer en dehors de Tarente pour se rapprocher de la clientèle en installant leur atelier dans les villes voisines de Daunie et de Peucétie. De cette manière, Arpi se voit avoir une petite période de production de vases à figures rouges qui est marquée par la production d’un peintre en particulier, le peintre d’Arpi.

Péliké attribuée au peintre d’Arpi, 320-300 av. J.-C., Londres, British Museum, Greek and Roman depatment, 1836,0224.150 (© The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA 4.0)

Le peintre d’Arpi est nommé ainsi par Trendall, son nom de convention venant d’une tombe retrouvée à Arpi, la tombe dite du Vase des Niobides, en 1972 par Ettore M. De Juliis, où 5 de ses œuvres ont été découvertes pour la première fois aux côtés de vases tardifs du peintre de Baltimore, où sa production a été discuté dans la fiche sur Canosa. Parmi les vases découverts dans la tombe, deux sont des cratères à volutes, il y a deux fragments d’un même vase, une amphore et une hydrie.

Le travail du peintre d’Arpi chevauche la production tardive du peintre de Baltimore et montre une forte influence de ce dernier, mais néanmoins, le peintre d’Arpi a développé un style très individuel et un choix de sujets particulier. Ainsi, un petit nombre de vases lui ont été attribués sur la base de son style.

Selon Trendall, le style du peintre d’Arpi arbore un style naïf et empathique. Il a un certain goût pour la couleur et son traitement des zones secondaires font directement référence aux vases du peintre de Baltimore avec lequel il a soit collaboré, soit il a été formé dans son atelier, à Canosa.

Malgré sa maladresse dans la réalisation des figures au corps disproportionné, le peintre d’Arpi démontre une expression remarquable à travers un répertoire original, ce qui permet de le positionner comme un des derniers peintres cultivés dans la production de la production de vases à figures rouges apulienne. Sa création semble répondre à une demande locale marquée par l’appréciation de la couleur, visible dans la décoration des tissus, ainsi que par l’intérêt pour des mythes grecs, qu’ils soient courants ou rares, tels que la naissance de Dionysos ou la libération d’Héra, qu’il a traités avec une approche comique.

Cette version constitue la première attestation d’une tradition parodique probablement née à Tarente et diffusée auprès des populations peucétiennes et dauniennes, comme le confirme l’amphore du peintre d’Arpi. Il contribue à renouveler, à la fin du IVe siècle, dans une période de transformations culturelles et politiques, le cycle des représentations dionysiaques au sein desquelles ce vase acquiert sa véritable signification. Le désordre comique introduit par l’attitude insolente d’Héphaïstos, montré ici par sa petite taille et son regard tourné vers la partie haute à gauche du vase.

Dessin de la scène de la libération d’Héra présent sur une amphore attribuée au peintre d’Arpi, vers 320 av. J.-C., Foggia, Museo Civico, inv. 132723 (élab. Anaïs Moret)

Bibliographie

  • M. Denoyelle, M. Iozzo, La céramique grecque d’Italie Méridionale et de Sicile, Paris, 2009.
  • C. Pouzadoux, ‹ Le peintre d’Arpi. Un peintre irrévérencieux ? » dans É. Prioux (dir.), L΄irrévérence dans les arts visuels et les descriptions de monuments (du VIe siècle av. J.-C. au XIIe siècle apr. J.-C.), Camenae, 24, 2019.
  • L. Todisco, La ceramica a figure rosse della Magna Grecia e della Sicilia, Rome, 2012.
  • A. D. Trendall, Red figure vases of South Italy and Sicily. A handbook, Londres, 1989.