La cité de Cumes est une colonie grecque qui a été fondée vers 750 av. J.-C. sur le continent, peu de temps après Pithécusses, par les Eubéens. Elle prend place sur un promontoire rocheux sans accès direct à la mer, mais tout autour se déploient des terres riches et fertiles, les Champs Phlégréens.
La production d’époque géométrique et orientalisante
Les ateliers de Cumes, vers 700 av. J.-C., ont supplanté les productions contemporaines de l’île de Pithécusses. Cependant, cela ne change en rien leurs influences, d’autant plus que Cumes profite de la très bonne qualité de l’argile présente dans les bancs de Casamicciola. Aux époques géométrique et orientalisante (VIIIe et VIIe siècles av. J.-C.), Cumes montre également des influences venant de la production corinthienne. Les éléments figurés sur ces vases, principalement des animaux, qu’ils soient marins ou terrestres, créent une dimension ‹ fantastique » (Denoyelle, Iozzo 2009, p.49). Enfin, la céramique figurée de Cumes aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. se distingue de la production corinthienne par un usage plus limité de la technique de l’incision. Cela met davantage en avant les techniques du dessin au trait et de la silhouette faites au vernis noir. Sur une œnochoé conservée au Louvre, nous pouvons admirer deux serpents qui font le tour de la partie supérieure de la panse, ils se croisent pour former un motif de tresse.
La production de vases à Cumes n’est pas continue, après le VIIe siècle av. J.-C., nous remarquons une importante diminution de fabrication des vases entre le VIe siècle et le début du IVe siècle av. J.-C. Elle n’a repris que bien plus tard.
La production d’époque classique
À partir du milieu du IVe siècle av. J.-C., Cumes est un des deux sites principaux avec Capoue de la production de vases à figures rouges campanienne. Cela explique leur forte proximité et les similitudes dans les vases. Elle peut être caractérisée par trois groupes dénommés de la manière suivante : Cumes A, Cumes B et Cumes C. De plus, la période classico-hellénistique montre une évolution dans les techniques de production, ces vases sont décorés avec la technique des figures rouges.
La production de vases à figures rouges campanienne se différencie des autres productions contemporaines par la couleur pâle de la terre d’argile. Il y est parfois appliqué du miltos afin de se rapprocher visuellement des productions attiques. La production se caractérise également par l’utilisation de rehauts de peinture blanche sur le corps des figures féminines, et particulièrement la peau qui ne serait pas drapée. Nous observons aussi l’importance et la variété des éléments décoratifs végétaux et floraux. En revanche, en ce qui concerne les thèmes représentés, ils sont plus limités. Il n’y a quasiment plus de scènes mythologiques et très peu de références au théâtre comme nous avions l’habitude de le voir. Elles laissent place à des représentations plus simples dans lesquelles nous remarquons notamment l’importance de la figure du guerrier samnite, reconnaissable par sa cuirasse à trois disques et à son casque à plumes. Les scènes les plus communes sont des scènes de rituel, avec des femmes et des offrandes autour d’une stèle, ces représentations sont influencées par l’Apulie. Les vases à figures rouges enrichis par ces iconographies sont à destination d’une clientèle d’origine campanienne.
Le peintre CA, dit de Cumes A, en référence au nom de la première école de production de Cumes, est un des peintres les plus importants. Cette première phase est vraiment marquée par l’influence des productions apuliennes. Le peintre CA reprend toutes ces caractéristiques, ses œuvres sont marquées par une forte polychromie. Il met en place une tradition qu’ont plus ou moins suivi les différents peintres qui lui ont succédé, notamment le Peintre de New York GR 1000. Un cratère en cloche, conservé au Metropolitan Museum of Art de New York montre une forte polychromie sur l’entièreté de la scène figurée.
La phase Cumes B, ensuite, s’éloigne de cette première production. La qualité des vases diminue, le style est plus inorganique et présente des déformations. Les sujets ne varient plus, il y a beaucoup de répétitions dans les représentations. De plus, la polychromie disparaît complètement. Au sein de la collection du Louvre, il existe quelques exemplaires de la production du Peintre du BM F 229, un des représentants de cette phase Cumes B. Des peintres lui succédant ont également produit des vases proches de son style, reconnaissables par l’utilisation de motifs décoratifs et dans le traitement des figures, qui est similaire. Mais la scène figurée, présente sur l’œnochoé, attribuée aux descendants tardifs du peintre du BM F 229 et conservée au musée du Louvre, semble moins inorganique, nous montrant une certaine évolution du style. Par ailleurs, quelques rehauts de peintures polychromes habillent les figures féminines ainsi que l’autel se trouvant au centre de la composition.
Cela a conduit, pour la phase Cumes C, à une certaine évolution, à la fois dans la forme des vases, mais aussi dans les décors. Il s’agit désormais de sujets représentant principalement la vie quotidienne des femmes, c’est-à-dire des scènes de gynécée, dans lesquelles les figures masculines sont secondaires. De plus, la polychromie, par les rehauts de peintures, se retrouve de nouveau sur les vases produits.
Bibliographie
- R. Bosi, Les cités grecques d’Occident, Paris, 1982.
- M. Denoyelle, M. Iozzo, La céramique grecque d’Italie Méridionale et de Sicile, Paris, 2009.
- P. G. Guzzo, ‹ Cumes et Pithécusses : les débuts de l’établissement des Grecs en Italie Méridionale » dans P. G. Guzzo, De Pithécusses à Pompéi. Histoires de fondations, Naples, 2016, p. 11-35.
- L. Todisco, La ceramica a figure rosse della Magna Grecia e della Sicilia, Rome, 2012.
- A.D. Trendall, Red Figure Vases of south Italy and Sicily. A handbook, Londres, 1989.
- A. D. Trendall, The red-figured Vases of Lucania, Campania and Sicily, Oxford, 1967.