Fondée par les Chalcidiens en 734 av. J.-C., Naxos est la première colonie grecque de Sicile et débute une production céramique quasiment dès sa fondation, très proche, pour les formes et la décoration, de la production contemporaine de sa métropole. Les potiers de Naxos, contraints aux techniques de l’époque, privilégiaient les techniques de la silhouette et du dessin au trait. Ils utilisent de l’argile locale, argile claire et épurée, parfois avec de l’engobe. Leur décor est brun et/ou noir.
Parmi les formes qui dominent la céramique naxienne, le louterion se distingue par sa silhouette reconnaissable. Ce vase est à forme ouverte, doté d’un pied haut, d’un rebord et parfois d’un bec verseur. Aux côtés du louterion, les hydries et les oenochoés, formes issues de la tradition grecque, complètent le répertoire naxien. En outre, les potiers naxiens produisent également des ‹ bols à oiseaux » issus de modèles eubéens.
L’exemplaire le plus ancien de ces bols est conservé au musée archéologique de Naxos (inv. 1488). Il s’agit d’un fragment de coupe naxienne décoré d’une métope avec un oiseau aquatique. Ce motif est d’origine eubéenne et se retrouve sur de de nombreuses vases produits à Naxos. Sur un fragment d’un cratère naxien conservé au musée archéologique de Naxos (inv. 1509), se trouve une file d’oiseaux aquatiques qui diffère des autres représentations, car la file d’oiseaux s’est libérée du cadre de la métope, ce qui témoigne de l’évolution locale des formes eubéennes. Un autre motif d’origine eubéenne récurrent sur les vases naxiens est le cheval, visible notamment sur deux fragments conservés au musée archéologique de Naxos (inv. AE 78/28 et 6055). Enfin, sur d’autres vases, comme celui d’un cratère naxien du musée archéologique de Syracuse (inv. SE 675), est représenté un motif de poisson à l’intérieur d’une métope, motif également répandue dans la production naxienne. Toutefois, ces éléments figurés n’occupent qu’une place limitée sur le vase, généralement compris à l’intérieur d’une métope. Les motifs géométriques, parmi lesquels les plus répandus sont les hachures, occupent la majeure partie du vase.
Les motifs eubéens (végétaux, oiseaux aquatiques ou encore poissons) sont compris, copiés puis réinterprétés par les artisans locaux. Cela permet de reconnaître la production de Naxos qui reprend les formes et motifs de la métropole en les adaptant aux demandes locales.
Cette proximité entre les productions locales et celle d’Eubée permettent de définir que les potiers naxiens étaient des colons eubéens installés en Sicile. L’utilisation de formes locales montre qu’ils se sont adaptés à la clientèle, tout en conservant l’iconographie eubéenne, qui se caractérise par les figures d’oiseaux, ainsi que des décors simples et des motifs linéaires.
La production se poursuit dans le VIIe siècle avant J.-C., et les formes les plus fréquentes sont des skyphoi et bols à oiseaux, en plus de grands cratères et hydries qui sont utilisés comme urne cinéraire, et des œnochoés typiques de Naxos reconnaissables par leur bord découpé. Après le VIIe siècle avant J.-C., la production commence a diminuer et à présenter des vase splus simples, moins décorés voire dépourvus de décor.
Après l’époque archaïque, la production locale a été supplantée par la céramique attique, mais elle a continué à exister sous une forme plus utilitaire.
Bibliographie
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