Production de Ruvo

À partir de 370-360 av. J.-C. jusqu’à 300 av. J.-C, les peintres de Tarente ont quitté la ville pour se rapprocher de leur clientèle italique et ont commencé leur production de vases à figures rouges dans les villes de l’arrière pays, dont Ruvo. Les vases produits à Ruvo sont de style orné de l’Apulien Moyen selon Trendall. À cette période, la production de Tarente rayonne dans les autres cités d’Apulie et en est à son apogée  car il y a une plus forte exportation de vases vers les sites de la Peucétie, où se trouve Ruvo, et de la Daunie. C’est donc la diffusion du style orné qui s’est développé à Tarente, qui se retrouve dans les villes voisines à partir du début du IVe siècle av. J.-C.

Amphore attribuée au Peintre de la Patère, vers 340-320 av. J.-C., Londres, British Museum, 1772,0320.17 (© The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA 4.0)

La ville de Ruvo est alors un cite important dans le développement du style orné à partir de 370 av. J.-C. car elle y voit l’installation d’atelier de peintre formés à Tarente pour se rapprocher de la clientèle se trouvant dans l’arrière pays. Ce phénomène de déplacement des artistes se passe également dans les autres grandes villes de Daunie, à Canosa et Arpi notamment.

Le Peintre de la Patère, actif entre 340 et 320 av. J.-C., a commencé sa carrière à Tarente avant de s’établir à Ruvo. Il s’est spécialisé dans la décoration de grands vases avec des scènes funéraires, privilégiant les représentations de naïskos sur la face principale et de femmes près d’une stèle sur la face secondaire. Pour les vases plus petits comme les cratères à cloche et à colonnes, les amphores et les pélikés, il a opté pour des scènes de genre, incluant parfois des guerriers osques. Son répertoire iconographique se distingue par une réduction significative des thèmes mythologiques au profit de scènes funéraires et génériques. Le peintre affectionne particulièrement les cadres floraux élaborés et fait un usage abondant de rehauts de couleur (blanc, jaune, orange, rouge et violet) pour mettre en valeur les figures dans les naïskoi, les vêtements, les parures, les chaussures ainsi que les éléments architecturaux, floraux et décoratifs. Une caractéristique notable de son style est la représentation fréquente de figures portant des attributs, notamment des patères, d’où son nom. Selon Trendall, il semble qu’à la fin de sa carrière, le Peintre de la Patère ait rejoint l’atelier du Peintre de Baltimore à Canosa.

Parmi les artistes ayant collaboré avec le Peintre de la Patère, on trouve le Peintre des Amphores, qui dirigeait un autre atelier à Ruvo. Ce dernier a produit principalement des amphores, bien qu’il ait également réalisé des cratères à colonnettes. Son répertoire iconographique est particulièrement limité, se concentrant essentiellement sur des scènes génériques et des représentations de têtes féminines de profil. Il est à noter que sa production comprend également deux rares exemples de scènes funéraires avec naïskos. La collaboration entre ces deux peintres, attestée par au moins un vase commun, suggère des échanges artistiques au sein de la communauté des céramistes de Ruvo, malgré leurs styles et spécialisations distincts.

Bibliographie

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  • A. D. Trendall, Red figure vases of South Italy and Sicily. A handbook, Londres, 1989.