Production de Siris (époque orientalisante)
La production de vases de Siris débute dès la fondation de la cité, vers 670 av. J.-C., puisque les fouilles archéologiques ont mis au jour des fragments de stamnoi et d’hydries de production locale, dont les décors étaient fortement inspirés de la tradition cycladique, de Crète et d’Asie Mineure. Les ateliers de Siris étaient établis sur la colline de l’Incoronata sur laquelle la colonie avait installé un emporion. Si la production céramique de Siris présente des similitudes avec celle des ateliers voisins, elle se distingue également par des caractéristiques propres. Parmi les motifs figurés les plus emblématiques de cette période, on retrouve des animaux domestiques tels que les chevaux, des animaux exotiques tels que les lions, mais aussi des créatures fantastiques comme les griffons. Ces représentations s’accompagnent souvent d’éléments décoratifs végétaux ou de frises inspirées des modèles corinthiens et gréco-orientaux. C’est, en outre, de cette production de l’Incoronata du milieu du VIIe siècle av. J.-C. que provient la plus ancienne scène mythologique représentée sur un vase : le combat de la Chimère contre Bellérophon, décorant un dinos, vase à mélanger du répertoire grec d’époque orientalisante. Si l’influence corinthienne et attique est indéniable dans le style de ce vase, des éléments distinctifs propres à la région commencent à se dessiner, tels que le motif ‹ a tenda » issu de la production indigène locale.
Production d’Héraclée (époque classique)
Après la destruction de la cité et la fondation d’Héraclée sur l’ancien site de Siris par Tarente vers 432 av. J.-C., la ville reprend une production céramique progressivement, plusieurs décennies après la fondation de la ville, comme cela s’observe également dans d’autres cités. En effet, la ville n’est devenue un centre de production céramique que vers le milieu du IVe siècle av. J.-C. La production de vases à figures rouges de la cité témoigne d’une influence à la fois métapontine et tarentine, reflétant les liens étroits de la ville avec ces deux régions voisines. Ces liens se manifestent tant dans la production locale que dans la présence d’œuvres provenant de ces deux zones.
La ville moderne a donné son nom à un peintre, le Peintre de Policoro, actif entre 410 et 390 av. J.-C. et dont la plupart des vases qui lui ont été attribués, ont été retrouvés principalement dans les nécropoles des environs de Policoro, suggérant qu’il y avait probablement son atelier. Son travail résulte de l’éclectisme entre Métaponte et Tarente, suggérant ainsi qu’il ait voyagé ou travaillé dans ces villes pendant sa carrière. Sa production est essentiellement riche en hydries et en pélikai, mais il a aussi produit quelques skyphoi. Ses sujets de prédilections sont essentiellement mythologiques (Iolaos et Héraclides, le transport de Sarpédon, etc.) et tragiques, mais il a également produit des scènes dionysiaques et génériques.
Son style se singularise par l’abondance de détails ornementaux sur les vêtements et les parures, ainsi que par l’intégration d’animaux, terrestres et marins, et d’éléments du paysage. Une amphore conservée au British Museum, représentant le mythe d’Europe, en est une illustration frappante : la mer y est figurée avec des poissons qui en jaillissent.
Les productions de Siris puis d’Héraclée ont donc été conçue pour leurs populations, mais elles évoluent grâce aux nombreux échanges commerciaux et artistiques qui existent en Italie méridionale et avec les métropoles.
Bibliographie
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