La découverte de la Tombe de l’Aryballe suspendu dans la nécropole étrusque de la Doganaccia en 2013 lors des fouilles effectuées à proximité de la tombe de la Reine a permis la découverte de restes textiles en bon état de conservation. Compte tenu des mauvaises conditions de conservation des restes organiques découverts dans la plupart des sites archéologiques nord méditerranéens fouillés, les vestiges organiques de la Tombe de l’Aryballe suspendu représentent une découverte d’importance pour la recherche. En effet, cette tombe est très précieuse pour la découverte et l’étude des différentes technologies textiles utilisées en Étrurie lors de la période tardive orientalisante (620 – 580 av. J.-C.)
Au cours des dernières décennies, les progrès technologiques de la recherche scientifique en archéologie permettent de mieux traduire les vestiges organiques en données, aidant ainsi à leur caractérisation ainsi qu’à leur interprétation. De nouvelles méthodes d’analyses permettent d’étudier bien plus précisément les objets relevés lors des fouilles, tels que les tissus ou les os. Les méthodes d’analyses textiles varient en fonction de l’état de conservation des tissus. Dans le cas de la tombe de l’Aryballe suspendu, la combinaison de différentes méthodes fut nécessaire. En effet, les vestiges organiques furent découverts conservés dans deux états différents, organique et minéral, dans une pyxide (boite en bronze) et dans un bassin en bronze.
L’analyse à l’œil nu ainsi qu’au microscope permet dans un premier temps l’observation des fils et de la structure ainsi que de la densité du tissu, des éventuelles coutures présentes, etc. L’analyse des différentes fibres grâce à la technologie SEM (Scanning Electron Microscopie) permet l’identification des fibres et des caractéristiques morphologiques de celles-ci. L’identification des colorants requiert généralement une analyse chimique (chromatographie liquide). Elle permet l’identification et la quantification des composants du colorant, effectuée après extraction des colorants des fibres.
Les résultats obtenus suite aux analyses des vestiges textiles de la Tombe de l’Aryballe suspendu permettent l’identification de boules de fil entrelacées vertes trouvées dans la pyxide. Les restes les mieux conservés proviennent d’un tissu associant un vestige de couleur violette à un second de couleur verte. L’analyse SEM sur les parois de la pyxide où furent prélevés les tissus permet d’identifier la matière comme étant de la laine de mouton. D’autre part, l’analyse des textiles retrouvés dans le bassin en bronze met en évidence la présence de caractéristiques végétales du tissu, très probablement du lin.
L’interprétation de ces résultats permet la mise en relation de ces tissus avec d’autres vestiges. Le tissu en lin torsadé n’est pas rare dans le contexte funéraire italique et des tissus de ce type sont déjà connu à Vulci ou Orvieto. L’analyse des restes du tissu violet a permis pour la première fois l’identification de l’utilisation d’un coquillage, le murex, comme colorant pourpre. Ces découvertes enrichissent les connaissances des matériaux et techniques utilisées par les Étrusques, apportent une meilleure compréhension de cette période et permettent la mise en place de meilleures restitutions.