Des statuettes féminines 

La présence de statuettes de pleureuses en bucchero parmi le mobilier funéraire est un des marqueurs de la condition aristocratique du défunt. Elles sont ici au nombre de cinq et font toutes le même geste : leurs bras sont repliés et les mains dirigées vers la poitrine, mouvement exprimant la douleur du deuil dans l’art grec et étrusque. Elles étaient placées à côté du défunt dans la tombe. Le traitement des corps est assez inorganique, particularité propre à l’art étrusque : le visage est peu défini et les bras sont représentés de façon tubulaire. Elles sont nues, hormis un vêtement autour de la taille qui semble cacher leur sexe, et la présence des seins souligne leur féminité.

Les pleureuses, motif commun du mobilier funéraire

Les pleureuses sont un motif artistique commun et répandu dans l’art funéraire étrusque, mais aussi grec dont il pourrait provenir. L’origine de ce motif est assez discutée : certains évoquent une inspiration mycénienne ou encore égyptienne. On le rencontre dans diverses formes d’art : céramique, bas-reliefs, peintures, ou sous la forme d’une statuaire de petite taille, comme ici. Maxime Collignon donne une interprétation de leur rôle comme “gardiennes du tombeau ou [formant] le chœur douloureux et charmant qui nous offre la plus pure image du deuil silencieux et recueilli”. Elles peuvent aussi représenter les derniers hommages rendus au défunt lors de la prothésis (l’exposition du corps) et durant son cheminement vers la tombe (ekphora). D’autres pleureuses en bucchero ont été retrouvées dans la tombe Regolini Galassi à Cerveteri. 33 petites statuettes accompagnaient les défunts, déposées près d’eux. Contrairement aux pleureuses du tumulus, celles-ci présentent une variété de poses, mais conservent cependant cet aspect inorganique de l’art étrusque. 

Le bucchero : la particularité étrusque 

L’époque orientalisante marque, chez ce peuple, la naissance de tombes à chambres, qui coïncide également avec une riche production artisanale locale. On observe ainsi le développement d’une diversité du mobilier funéraire, empreint d’images symboliques, dont le répertoire figuratif est influencé par le contact avec différents peuples : Grecs, Égyptiens, Chypriotes ou encore Assyriens. Les Étrusques se distinguent également dans l’art de la céramique dans le bassin méditerranéen par cette technique du bucchero, poterie qui tire son appellation de sa couleur noire. Elle est obtenue par une technique de cuisson particulière, durant laquelle l’argile est noircie par fumigation qui lui donne son aspect très sombre. Les plus anciennes réalisations en bucchero dateraient du VIIIe s. av. J-C. Le bucchero est d’abord considéré comme une technique bon marché permettant d’imiter des vases en métal, plus précieux. Diverses études tendent cependant à contrebalancer cet a priori, en rappelant notamment que le bucchero témoigne d’un goût très prononcé des Étrusques pour la toreutique : l’art d’ouvrager des objets en métal.

Bibliographie

BONGHI JOVINO Maria, “Il tumulo di Poggio Gallinaro a Tarquinia. Uno sguardo alle piangenti”, Annali della Fondazione per il museo Claudio Faina, tome 22, 2015, p. 349-368

COLLIGNON Maxime, “De l’origine du type des pleureuses dans l’art grec”, Revue des Études Grecques, tome 16, 1903, p. 299-322

GRAN-AYMERICH Jean, “Le bucchero et les vases métalliques”, In: Revue des Études Anciennes : Vaisselle métallique, vaisselle céramique. Productions, usages et valeurs en Étrurie, tome 97, 1995, p. 45-76