Monterozzi, La tombe des Panthères

Bibliographie

CAMPOREALE Giovannangelo, “Aux origines de la grande peinture étrusque”, In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143 année, n. 1, 1999, p. 277 à 284.

La nécropole de Monterozzi abrite la Tombe des Panthères, la plus ancienne tombe peinte à décor figuré connue à Tarquinia. La chambre funéraire hypogée taillée dans la roche est de forme rectangulaire et mesure 5x 2,50x 2,50m. Sur les côtés se trouvent des banquettes, où étaient déposés les défunts. Le fronton ainsi que la corniche sont décorés d’une scène figurée. Une poutre faîtière non décorée traverse le plafond en forme de toit à double pente. Les félins monumentaux se détachent sur la paroi au fond et attirent l’attention par leur pouvoir d’évocation. La décoration a été peinte à l’aide de pigments noirs et rouges directement déposés sur les parois. Le décor adopte des couleurs en rouge et noir. De nombreux traits annoncent les caractéristiques de la grande peinture d’époque archaïque.

La morphologie des corps est constituée de lignes sinueuses et les deux fauves sont traités de manière très similaire, en position affrontée. Leurs yeux sont grands, en amande, avec au centre une large pupille de couleur rouge. Leur corps suit l’inclinaison du triangle du fronton. Seule la position de la tête, de la queue et certains attributs les différencient. L’animal de gauche est représenté de face. Il s’agit d’une panthère tandis qu’à droite, de profil, figure un lion reconnaissable à sa crinière. La gueule du lion est grande ouverte et laisse entrevoir sa langue et ses dents féroces. Sa queue repose le long du sol tandis que la panthère lève la sienne qui épouse sa courbe dorsale. Les deux fauves adoptent la même posture héraldique.

Face à face ils posent leurs pattes antérieures sur une tête monstrueuse. Le protomé de fauve évoque un autel sacrificiel. Des bandelettes, habituellement attachées aux têtes des animaux destinés aux sacrifices religieux, ornent sa crinière. Il a des yeux en amandes, des détails indiqués sur le museau telles des vibrisses et des doubles cercles le long des pommettes saillantes. Une alternance des pigments noirs et rouges crée un savant jeu de couleurs dans cette scène peinte, à la manière des décors des vases étrusco-corinthiens contemporains de la tombe. Il n’est pas à exclure d’ailleurs que l’auteur de ce décor ait été un peintre sur céramique, transposant à échelle monumentale les motifs zoomorphes orientalisants des vases

Dans cette réalisation, il y a une absence d’élément paysager. Cette scène animalière représente un sacrifice divinisant destiné à l’âme du défunt. Cependant plusieurs interprétations peuvent être proposées. Il pourrait s’agir d’une sentinelle assurant le passage dans l’au-delà ou encore une réalisation associée à Dionysos dont l’animal totémique est la panthère.

La peinture funéraire est à mettre sur le même plan que les objets luxueux retrouvés dans ces tombes, réservée exclusivement à l’aristocratie qui se faisait construire des tombes à chambres richement sculptées et peintes, à la différence des personnes plus modestes, inhumées dans de simples tombes à fosse.

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