Gravisca est le port de Tarquinia à l’époque archaïque. Il est situé sur la mer Tyrrhénienne, à 8 km à l’ouest de la cité étrusque. Le site archéologique a été fouillé dans années 1970. L’habitat et le port eux-mêmes sont assez mal connus, dans la mesure où ils ont été recouverts par les niveaux d’une colonie maritime romaine fondée en 181 av. J.-C. Gravisca est le nom de cette colonie romaine. La ville est aujourd’hui connue sous le terme de Porto Clementino. Tarquinia est à l’époque archaïque une des douze cités d’Étrurie, qui produit et exporte vin et huile ainsi que fer, cuivre, plomb, argent et étain. Ces ressources, une situation stratégique en Méditerranée depuis l’époque villanovienne ainsi que la réputation de tradition d’ouverture aux étrangers (notamment l’accueil du Corinthien Démarate) expliquent l’intérêt des marins et marchands grecs pour le site et leur volonté d’installer une place de commerce portuaire en lien avec la cité de Tarquinia.
Gravisca constitue bien un emporion, une sorte de port franc en lien avec une cité étrusque dans lequel s’installent des Grecs pour favoriser le commerce à longue distance avec leur cité d’origine et dans lequel ils construisent des temples pour pratiquer leurs cultes. Ils sont mêlés aux populations étrusques et soumis à la domination de Tarquinia. Le débat sur la création de Gravisca, aux alentours de 580 av. J.-C. présente deux hypothèses. La première évoque une fondation phocéenne avec la mise en place d’un culte à Aphrodite. Elle serait contemporaine de celle de Marseille et s’inscrirait dans la création d’un grand réseau commercial par les Phocéens entre l’Asie Mineure et la Gaule, via la mer Tyrrhénienne. La seconde penche pour une fondation par les Samiens avec un premier sanctuaire consacré à Héra, dans le cadre du déplacement de nombreux Samiens vers la mer tyrrhénienne au VIe s. siècle av. J.-C. La première occupation est donc ionienne avec une incertitude sur la cité d’origine des premiers Grecs de Gravisca. A la fin du VIe s. av. J.-C. ce sont majoritairement des marchands originaires d’Égine qui fréquentent le port de Gravisca, dont le plus célèbre est Sostratos, mentionné par Hérodote comme le plus riche marchand de la fin du VIe siècle. De nombreuses populations hellénophones se sont donc succédées sur le site de Gravisca tout au long du VIe s. av. J.-C.
Dans le premier quart du Ve siècle, le site est progressivement déserté par les Grecs en raison des perturbations des circuits commerciaux et des conflits entre Grecs et Étrusques et notamment la bataille de Cumes en 474 av. J.-C. La présence grecque devient anecdotique à partir du deuxième quart du Ve siècle et le site devient exclusivement étrusque pendant la période classique.
Bibliographie
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TRÉZINY Henri, « Les colonies grecques de Méditerranée occidentale », In : Histoire urbaine, n. 13, 2005, p. 51 à 66.
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