Le dépôt votif orientalisant de la Civita

La colline Pian di Civita est le centre ancestral de la cité de Tarquinia. Le sanctuaire de l’Ara Della Regina n’apparait qu’aux prémices du VIe s. av. J-C. mais un premier centre cultuel avait déjà vu le jour aux débuts de l’ère villanovienne. 

Les plus anciennes traces de culte religieux y ont été découvertes autour d’une cavité naturelle mise à jour au Xe s. av. J-C. Une cabane ovale dont le schéma reprend celle de l’architecture civile est érigée en cet emplacement. Elle est entourée à la fin du IXe s. av. J-C. par une palissade de bois, pétrifiée au VIIIe s. av. J-C., qui aura pour but de délimiter l’aire Alpha. Cette « aire sacrée » villanovienne porte d’emblée nombre de traces d’une pratique rituelle développée. Des puits, des autels d’argile, mais aussi de simples bois de cerfs et des carapaces de tortues jonchent ça et là le sol du site. Les puits accueillent des céréales, du moût de raisin, de restes d’olive et du gibier carbonisé tandis qu’on retrouve au niveau des autels, des bijoux féminins comme des fibules et des colliers.

Outre ces premières offrandes pour une divinité locale, l’archéologie a révélé plusieurs sépultures par inhumation. La cause de leurs morts et la signification de leurs sépultures très particulière restent encore mal expliquées. Dans une période où l’incinération est de mise, un enfant épileptique et une femme de 40 ans sont retrouvés dans des positions corporelles inhabituelles. Alors que la maladie de l’enfant susciterait une vénération particulière, la femme soulève encore de nombreux mystères. Leurs morts semblent naturelles là où d’autres squelettes révèlent des traces de mort sacrificielle. Un homme étranger abattu, quatre nouveaux nés et un enfant décapité auraient été placés dans des fosses. Le sacrifice y trouverait pour l’un une valeur expiatoire, pour les autres une valeur propitiatoire.

Le VIIe s. av. J-C. et l’aire orientalisante sont marqués en Étrurie par l’apparition d’édifices monumentaux qui centralisent les pratiques tant religieuses qu’institutionnelles. Un temple dit “béta” est alors érigé à l’Est de l’aire sacrée. Il adopte une structure symétrique et s’oriente sur un axe central Est-Ouest avec deux pièces en enfilade. La plus profonde comporte un large autel et un canal est creusé dans le sol pour laisser s’écouler les fluides jusqu’à la cavité sacrée. On suppose que des libations de sang et de vin étaient exercées de manière rituelle. Deux fosses ont été creusées parallèlement devant l’édifice. Là encore, on y retrouvait des ossements, des céréales, mais aussi d’autres objets en bronze et céramique qui incluaient du mobilier et de la vaisselle pour un banquet. Ces offrandes singulières constitueraient un dépôt de fondation pour célébrer les nouveautés apportées à la zone sacrée.  

Le VIe s. av. J-C. siècle est marqué par le renforcement du temple, l’agrandissement de ses pièces, de son autel surélevé, et de son canal couvert de dalles. La cavité sacrée sera bouchée au Ve s. av. J-C., l’aire abandonnée, et le temple transformé en habitation civile.

Bibliographie

FORNACIARI Gino, “L’enfant du temple de “La Civita” de Tarquinia : un cas de probable épilepsie du IXe s. av. J-C. “, In : Actes du 3ème Colloque des conservateurs des musées d’histoire des sciences Médicales tenu à Ingolstadt, septembre 1986, p. 63 à 69.

BONGHI JOVINO Maria, “The Tarquinia Project: A Summary of 25 Years of Excavation”, In : American Journal of Archaeology, n.114, 2010, p. 161 à 180.

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