Le musée d’histoire et d’archéologie est installé dans l’hôtel Renaissance d’Orléans, construit en 1550 pour Philippe Cabu, avocat au Châtelet et attribué à l’architecte Jacques Ier Androuet du Cerceau. La façade sur cour s’organise sur trois niveaux et est ornée d’une riche décoration avec les trois ordres superposés, caractéristique du style Henri II. Au rez-de-chaussée, sont situées deux salles d’exposition temporaire. Nous trouvons au premier étage une exposition sur divers éléments, objets de la vie quotidienne et architecturaux notamment du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Au second étage, actuellement en travaux, ce sont des objets des Antiquités mésopotamiennes, égyptiennes, grecques, ou provenant des peuples des Carnutes et Gallo-romains découverts dans l’Orléanais, et particulièrement à proximité du port d’Orléans.
La collection des vases grecs et étrusques à Orléans est composée de dons, achats et legs, et d’objets rapportés de l’expédition de Syrie (1861), des fouilles de Saltzmann à Camiros (1862) et de Cesnola à Chypre (1869-1870). Il existe un premier catalogue datant de 1877. En 1863, on recense un dépôt de 83 vases, 11 terres cuites et 1 statue de marbre de la collection Campana. L’Égypte, la Grèce et l’Italie sont représentées de façon très importante.
Les photographies et informations sur les vases nous ont été gracieusement mises à disposition par Nelly Matras, conservatrice en chef du patrimoine et directrice des musées d’Orléans, et Dominique Plancher, responsable des collections de l’Hôtel Cabu.
Œnochoé à figures rouges
Informations détaillées
Inv. A. 7439
H : 17,7 cm ; L : 8 cm
Atelier falisque, Vulci ou Cerveteri, 349-300 av. J.-C.
Notice complète
Cette oenochoé à figures rouges est étrusco-falisque, elle présente un col long et étroit, l’anse a disparu mais un morceau subsiste au col. La panse est ovoïde et le pied évasé. Aujourd’hui conservée au musée d’Orléans, cette oenochoé date d’environ 349 à 300 av. J.-C. Chronologiquement, cette oenochoé se place dans une période transitoire entre classique et hellénistique. C’est à ce moment que les derniers vases à figures rouges sont produits avant d’être remplacés par ceux à vernis noir et que la civilisation falisque disparaisse. La fonction de ce vase est propre à toutes les oenochoés : verser le vin. L’iconographie fait fortement penser à certaines œuvres du peintre de Castellani, actif entre le IVe et le IIIe s. av. J.-C. La tendance du IVe s. av. J.-C. tend vers la représentation de plus en plus systématique de scènes de vie avec des profils féminins ; il y avait une réelle production de masse de ce type d’iconographie. Cela peut s’expliquer d’une part par le fait que la femme contribuait au prestige des maisons étrusques, et d’autre part parce que cela la valorisait afin de préparer de futures noces avec une autre famille. L’oenochoé représente une scène de vie avec deux femmes ; celle de gauche est vêtue d’un drapé et d’un sakkos sur sa tête. Elle tend vers la seconde femme à sa gauche un objet, probablement un vase à eau. Cette seconde femme est d’ailleurs nue et assise contrairement à sa voisine qui se tient agenouillée. Cette scène peut faire penser aux noces, lorsqu’un vase est offert à l’épouse. Ce vase s’intègre dans son époque par la tendance maniériste qui en émane. Effectivement, l’époque classique marque une recherche du naturalisme qu’il est possible de retrouver dans l’oenochoé. Par exemple les proportions semblent équilibrées, on a un chevauchement ou raccourcissement des membres. Les jambes de la femme agenouillée et les épaules des deux personnages expriment notamment ces deux derniers points. Les vases à figures rouges sont assez fréquents dans le monde étrusque et grec à l’époque classique. Par ailleurs, les motifs géométriques et la scène de vie qu’arbore ce vase le sont tout autant. Deux centres de production sont possibles pour cette oenochoé : Vulci, où se sont implantés des artisans falisques, et Cerveteri. Les vases de ces productions conservés dans les collections de l’Ouest de la France viennent généralement d’explorations de nécropoles étrusques, essentiellement dû au phénomène de collectionnisme qui se développe au XIXe s. Ils étaient alors considérés comme de ” beaux objets ” en écartant le contexte archéologique de découverte. Cette oenochoé pourrait avoir connu une histoire similaire.
Bibliographie
SANTROT Marie-Hélène, FRERE Dominique, HUGOT Laurent (dir.), Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie, Somogy éditions d’art, Paris, 2004, p. 140-143
AMANN Petra, ” Sur les traces de la femme étrusque : le rôle de l’élément féminin dans la société étrusque “, Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°2, 2015, p. 19-49.
BODIOU Lydie, FRERE Dominique, MEHL Véronique, ” Gestes quotidiens pour un parfum d’immortalité “, In: L’expression des corps : gestes, attitudes, regards dans l’iconographie antique, éd. Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2006, p. 197-204.
AMBROSINI Laura, ” Una lekanis etrusca a figure rosse “, In: Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité [En ligne], 125-1 | 2013, mis en ligne le 21 octobre 2013, consulté le 17 novembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/mefra/1273
Skyphos à figures rouges de type glaux
Informations détaillées
Inv. A 7433
H. 6,3 ; L. 14.
Atelier attique, 470 – 440 av. J.-C.
Dépôt de la collection Campana, 1863
Notice complète
La production de skyphoi de type glaux ou type B, présentant une anse en fer à cheval verticale et une autre horizontale, généralement utilisée pour la libation du vin ou de l’huile d’olive est très répandue en Grèce, mais aussi en Apulie et en Étrurie. Ce type de skyphoi provient de Grande Grèce tandis que le décor est attique. Il pourrait donc s’agir d’une production italiote, montrant l’imitation des vases attiques par les ateliers de Grande Grèce et surtout la circulation des modèles de vases en céramique attique en Méditerranée.
Le skyphos est orné d’un décor figurant une chouette sur chaque face de l’objet. Leurs corps sont de profil tandis que leurs têtes sont de face; elles sont décorées de files de points sur le corps et la tête. Pour figurer les plumes des ailes, on a utilisé de simples traits. Les faces des chouettes sont simplement indiquées par deux grands yeux ronds et un trait vertical pour le bec. Elles sont entourées de rameaux d’oliviers reconnaissables à leurs feuilles allongées présentant une césure en leur centre. Le pied présente un filet et sous le pied sont imbriqués deux cercles portant un point en leur centre. John Beazley avance que la forme du skyphos de type glaux avait été créée pour évoquer la chouette, les anses verticales et horizontales symbolisant le bec et la queue.
Ce type de production était très commun, la chouette étant, en Grèce, le symbole d’Athéna et en Étrurie, le symbole d’une déesse similaire appelée Menrva dont le culte est répandu. De plus les branches d’olivier représentent la ville d’Athènes sous la protection de la déesse Athéna. Le musée Dobrée à Nantes et le musée Pincé à Angers possèdent des skyphoi similaires datés de 450 av. J.-C. La chronologie correspondrait donc à une période proche de 450 av. J.-C. pour notre skyphos. Peut-être utilisé pour le banquet, il pourrait aussi s’agir d’une offrande à la déesse (Athéna/Menrva) ou d’une offrande funéraire pour les libations. En effet, les skyphoi de type glaux présentent généralement un caractère plus religieux que les skyphoi classiques.
Bibliographie
M. WATSON, NGV= National Gallery of Victoria, 1999
J.-R. JANNOT, Devins, Dieux et Démons, regards sur l’Étrurie antique, Paris, 1998, p. 166-168
SANTROT Marie-Hélène, FRERE Dominique , HUGOT Laurent (dir.), Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie : [exposition, Nantes, Musée Dobrée, 23 janvier 2004-fin avril 2007], Paris, 2004
C. GIBSON, Comprendre les symboles, Tout sur la signification des symboles dans l’art, Paris, 2010
Skyphos à figures rouges de type glaux
Inv. A 7433
Atelier attique, 470 – 440 av. J.-C.
Plat à tige à figures rouges
Informations détaillées
Inv : A. 8178
D. 14,2 cm ; H.5 cm
Production falisque du groupe de Genucilia, dernier quart du IVe siècle av. J.-C.
Dépôt de la collection Campana, 1961.
Notice complète
Ce plat fait partie d’un groupe de plats à tiges de petites dimensions retrouvé en majorité à Faléries. Ce groupe se compose uniquement de petits plats à tige ayant pour caractéristique un décor peint au centre d’un médaillon et, autour de ce médaillon, d’un décor d’ondes. Le nom de ce groupe provient d’une inscription latine peinte avant cuisson sur un exemplaire conservé à la Rhodes Island School of Design.
Ce plat présente un motif commun dans cette série : une femme de profil reprenant la manière « à la grecque », avec diadème et boucles d’oreilles. Elle est coiffée d’un sakkos, sorte de bonnet sous lequel sont regroupés ses cheveux. Le motif est réalisé en dessin au trait avec la technique de la figure rouge. Le motif de visage féminin indique que ce vase fait partie des plus anciens et des plus raffinés du groupe. Ce motif est d’origine italiote. Par la suite le profil de femme sera remplacé par une étoile.
Ces plats se retrouvent en contexte funéraire et auraient donc une fonction votive. La forme du plat laisse supposer une offrande solide. Il aurait été retrouvé dans la région de Basilicate selon une hypothèse de l’abbé Desnoyers en 1882. Ce plat fait partie de la collection Campana et fut déposé au musée d’Orléans en 1961.
Ce plat à tige du groupe Genucilia est issu d’une production en série d’un atelier falisque se situant possiblement à Cerveteri car il a été identifié en 1998 par Daphné Gondicas comme étant de style cérétain. L’autre grand centre de production de ces petits plats se situait à Faléries en territoire falisque. Ces ateliers ont été actifs durant tout le IVe siècle av. J.-C. Ce sont les artisans falisques qui ont lancé la production en masse de ces petits plats à tige. Ils fabriquent des vases de haute qualité pour les banquets.
Bibliographie
- AMBROSINI Laura et JOLIVET Vincent , Les potiers d’Étrurie et leur monde. Contacts, échanges, transferts, Paris, Armand Colin, 2014, 496p.
- DE RUYT Franz et Mario A. Del Chiaro, “The Genucilia Group : A Class of Etruscan Red-Figured Plates”, L’antiquité classique, Tome 27, fasc. 2, 1958. p. 552-553.
- METZGER Henri et Mario A. Del Chiaro, “The Genucilia group : A class of Etruscan red-figured plates” (University of California Publ, in Class. Arch., vol. 3, n° 4), Revue des Études Anciennes, Tome 60, 1958, n°1-2. p. 224-225.
Skyphos à figures noires
Informations détaillées
Inv : A 8162
9 x 16,5 x 11 cm
Production athénienne, peintre de Haimon, début du Ve s. av. J.-C.
Lieu de découverte : Vulci (Étrurie)
Notice complète
Il s’agit d’un skyphos en argile épurée, la céramique est montée au tour de potier. On relève les techniques de la figure noire et de l’incision pour le décor. Du vernis noir enduit l’intérieur du vase, sa large lèvre concave avec ressaut sur le col ainsi que ses deux anses horizontales en forme de fer à cheval. Le bas de la panse est peint et divisé en deux bandeaux noirs par des incisions qui laissent apparente la couleur beige de l’argile.
Deux scènes figurées décorent la panse. Sur la face A, un hoplite est représenté de profil portant des cnémides, un chiton court et un casque corinthien à cimier bas. Il est tourné vers la droite, tenant son bouclier rond et sa lance légèrement relevé en direction du cavalier dont le cheval est dressé sur ses deux pattes arrières. Ce cavalier penché en avant, bouclier noué au dos, tient de son bras droit replié, une lance dirigée vers un second hoplite. Sur la face B, un hoplite est debout, à moitié tourné vers le cavalier central qu’il menace avec sa lance tout en se protégeant avec son bouclier. Les autres personnages sont identiques à ceux de la face A. Des dauphins figurent sous chacune des deux anses.
La céramique à figure noire tardive de la première moitié du Ve siècle av. J.-C., appartient à un moment de transition entre la période archaïque et la période classique. Ce style est exporté par Athènes dans toute l’Étrurie par voie maritime. Vulci, lieu de découverte de l’objet, est l’un des deux centres de production de céramique à figure noire étrusque.
Daphné Gondicas rapproche ce vase skyphos A 8162 au groupe de Haimon avec prudence et propose une narration filée pour la lecture des scènes de combat. Il s’agirait de deux corinthiens contre un cavalier de Thrace ou d’Athènes. Le bouclier ressemble à une pelta, utilisé par les Amazones, mais probablement introduit à Athènes par les Thraces. Cette identification reste incertaine à cause de la datation1. La scène figurée pourrait aussi être une référence aux guerres du Péloponnèse ou aux guerres médiques, qui opposent les Athéniens aux Corinthiens.
Bibliographie
- BEAZLEY J. D., Attic Black Figure vase painters, Oxford University press, 1956, p. 539-571.
- COOK R. M., Greek Painted Pottery, Routledge, Oxon, 1997.
- GONDICAS D., Notice Complète du vase A 8162, Orléans, Musée d’Histoire et d’Archéologie d’Orléans.
1 Si le bouclier pelta ou pelte a été introduit par les mercenaires thraces à Athènes, ce serait au IVe siècle av. J.-C., sous Iphicrate. Or, la datation établie du vase est antérieure. Mais il est aussi possible qu’il s’agisse d’un bouclier déjà utilisé par certains Athéniens, sous l’influence des peuples asiatiques (les Scythes).
Lécythe à figures noires
Informations détaillées
Inv : A 8160.
Typologie attique, début du Ve s. av. J.-C.
Notice complète
Le lécythe est un vase du mobilier funéraire, accompagnant le rituel religieux, pouvant contenir de l’huile, du parfum ou de l’onguent. Il est utilisé pour la toilette funèbre et peut également être une offrande. C’est une production à destination de la société aisée, en raison du coût élevé des onguents et de la céramique fine peinte.
La silhouette de ce lécythe se rapproche de la catégorie 139, voire 75 (selon J.D. Beazley) par la forme de la lèvre et de la panse. Il est comparable par sa forme, sa technique et son style au lécythe dit de “La Femme au quadrige”, conservé au musée des Beaux-Arts du Mans, daté autour de 480 av. J.-C.
L’argile est épurée. Le pied est plat, lié à la panse par une moulure, entièrement recouvert de vernis noir. La base de la panse est ornée de deux bandeaux de vernis noir séparés par un filet en réserve. La scène figurée est discontinue, le revers est laissé nu. Un cortège dionysiaque défile au dessus d’un filet de vernis noir. Au centre se trouve le dieu Dionysos, barbu et couronné, tenant une corne d’abondance dans sa main droite. Il est encadré par deux ménades suivies par deux satyres, tous dansant et tournés vers Dionysos. Les figures sont agrémentées de rehauts blancs ou violets et de détails au trait blanc. L’épaule est aplatie et décorée par une frise de boutons de lotus surmontée d’une frise de petites languettes, interrompue par l’anse horizontale couverte de vernis noir. Le col est étroit et concavo-cylindrique, il aboutit à une lèvre en cupule recouverte de vernis noire.
Ce lécythe rassemble les caractéristiques de la production attique de vases à figures noires, attestée en grand nombre entre la fin du VIe siècle et le début du Ve siècle av. J.-C., tels que la couleur de l’argile rouge, le vernis noir brillant, la typologie, ou encore le décor de frise végétale sur l’épaule et des bandeaux en partie basse. Néanmoins, le style attique n’est pas un gage d’affirmation du lieu de production. La piètre qualité du dessin de la représentation figurée, esquissée pour l’anatomie (mains et pieds), les articulations et les traits du visage laissent penser à une assimilation étrangère. Par conséquent ce pourrait être une production de Grande Grèce (notamment d’Apulie) ou d’Étrurie méridionale imitant un modèle attique. Toutefois, l’iconographie reprenant une scène polychrome dionysiaque est très commune en Attique également, notamment pour ce type de lécythe très répandu destiné à être exporté en grande quantité, ce qui pourrait également révéler une production de cette région par un atelier mineur.
Bibliographie
- BOARDMAN John , Les vases athéniens à figures noires, Paris, éditions Thames & Hudson, 1996.
- PALEOTHODOROS Dimitris, “Pourquoi les Étrusques achetaient-ils des vase attiques?” dans Les Études Classiques, 70, 2002, p. 139-160.
- SANTROT Marie-Hélène, FRERE Dominique , HUGOT Laurent (dir.) , Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie : [exposition, Nantes, Musée Dobrée, 23 janvier 2004-fin avril 2007], Somogy éditions d’art, Paris, 2004.
Kylix à figures noires
Informations détaillées
Inv. A 7400
H. 7, 2 cm ; L 22,5 cm
Production corinthienne, VIe siècle av. J.-C.
Lieu de découverte : nécropole de Camiros à Rhodes
Notice complète
La kylix est une coupe pour boire le vin, elle fait partie des ustensiles du banquet. Remplie de vin cette coupe sert à déguster le vin selon le rituel très codifié du symposion. C’est une production destinée à une clientèle aisée, le rituel du banquet étant lui-même un rituel aristocratique, inspiré de la mode grecque. Cette coupe a été réalisée en céramique épurée. Elle se compose d’un petit pied sur lequel repose la panse, le col et la lèvre qui est plutôt ouverte afin de former une coupe, deux petites anses sont placées sur le col. Cette kylix est décorée de motifs d’oiseaux en figures noires rehaussées de rouge, avec des incisions pour les détails anatomiques. Ceux-ci reposent sur une bande géométrique constituée de lignes tournant au-dessus du pied au niveau de la panse en alternant liserés rouges et bandes noires. Elle correspond aux caractéristiques de la production corinthienne archaïque par son aspect : céramique peinte à pâte claire avec des décors au vernis noir rehaussé de rouge, mais également par son iconographie.
Par son décor à motif zoomorphe en frise, ce vase révèle d’emblée sa stylistique. En effet, la manière dont les volatiles sont représentés et leur disposition en frise nous invitent à faire l’analogie avec la tombe Campana de Véies datant de 670 av. J.-C., proche du style protocorinthien.
Il serait cependant réducteur de le cantonner à ce seul style d’autant qu’il n’en épouse pas toutes les caractéristiques. La technique d’incision révélant les détails anatomiques et sa polychromie font entrer cet ouvrage dans le style corinthien moyen. Les innovations techniques nous empêchent de le dater au-delà de 630 av. J.-C., mais l’influence protocorinthienne nous laisse supposer que cette réalisation s’inscrit dans un style corinthien naissant, datant du début de la période corinthienne moyenne soit entre 625 et 580 av. J.-C. Le compromis entre l’influence protocorinthienne et les innovations techniques de la figure à vernis noir rehaussé se retrouve dans l’olpé 73, exposée au Musée grégorien étrusque du Vatican, et dont la réalisation se situe également à la frontière entre période protocorinthienne et corinthienne soit entre 630-615 av. J.-C. Si la qualité des figures, dont témoigne la subtilité des incisions qui dessinent le plumage et l’anatomie, sème le doute quant à l’origine étrusque de cette production, sa résistance au temps atteste véritablement par sa qualité de son origine corinthienne. Ce vase de manufacture corinthienne témoigne de l’hégémonie culturelle dont jouissait la cité de Corinthe et des influences qu’elle exerçait sur le monde étrusque de la fin du VIIe siècle av. J.-C.
Bibliographie
Lissarrague F., Un flot d’images. Une esthétique du banquet grec, Paris, 1987
Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie [exposition, Nantes, Musée Dobrée, 23 janvier 2004-fin avril 2007], Paris, 2004.
Kylix à figures noires
Inv. A 7400
Production corinthienne, VIe siècle av. J.-C.
Œnochoé en bucchero nero
Informations détaillées
Inv. A.7776
L : 14,2cm. H : 21,7cm.
Production cérétaine, dernier quart du VIIe siècle av. J.-C.
Notice complète
Ce type de production de vases découle d’une volonté d’imitation des vases grecs en bronze. En effet, le bucchero nero nécessite une technique de cuisson privée en partie d’oxygène,que l’on appelle fumigation. C’est ce qui donne cette teinte noircie et lisse au vase, typique des productions étrusques de Cerveteri à la fin du VIIe siècle av. J.-C. Le vase est issu de la collection Campana, qui, lorsqu’elle fut achetée par l’État en 1861, permit d’enrichir les collections de nombreux musées français. Conservé à partir de cette date au musée d’Orléans, le vase, comme de nombreux autres, a été endommagé lors du bombardement de la ville en 1940 et l’incendie du musée qui s’en suivit. Cela explique sa forte dégradation. Aucune restauration n’a été effectuée. Néanmoins, son état permet encore d’identifier son histoire. Cette œnochoé a été exécutée au tour de potier et ornée par incision. Elle fait certainement partie d’un ensemble de vaisselle destinée à un usage funéraire afin d’assurer au défunt une riche continuité dans son trépas via la cérémonie du vin, emblématique de la culture étrusque. Ce type de vase est uniquement destiné à la consommation du vin, pour le servir dans des vases à boire. L’ouverture large trilobée et l’anse en forme de ruban permettait de verser le vin et de le verse. Le pied tronconique permettait de poser le vase. Le décor se limite à trois rainures horizontales séparées chacune par un espace égal sur la panse et une rainure délimitant le pli du bec et de la panse. La forme trapue et le décor épuré de cette œnochoé est typique de la production de Cerveteri et des modèles similaires sont conservés notamment au Louvre. On les distingue des productions de Chiusi, assez proches, mais dont les décors sont en relief. Cette production abondante de vases en bucchero est liée au fort essor économique de la région, important centre de production de céramique entre le dernier tiers du VIIe siècle et le début du VIe siècle av. J.-C. A cette époque, une forte exportation de vases en bucchero se met en place vers le Latium, la Campanie, la Sardaigne, Carthage et la Gaule Méridionale.
Bibliographie
ADAM A.-M., “À propos de quelques récipients du service funéraire étrusque (VIe-IVe siècle avant J.-C.)”, In: Revue des Études Anciennes,[s. l.], v. 97, n. 1–2, 1995, p. 103-113.
GRAN-AYMERICH J., “Images et mythes sur les vases noirs d’Étrurie (VIIIe-VIe siècle av. J.-C.)”, In: Le mythe grec dans l’Italie antique. Fonction et image. Actes du colloque international organisé par l’École française de Rome, l’Istituto italiano per gli studi filosofìci (Naples) et l’UMR 126 du CNRS (Archéologies d’Orient et d’Occident), Rome, 14-16 novembre 1996, Rome : École Française de Rome, 1999, p. 383-404.
IOZZO M., DENOYELLE M., La céramique grecque d’Italie méridionale et de Sicile : productions coloniales et apparentées du VIIIe au IIIe siècle av. J.-C., Les Manuels d’art et d’archéologie antiques, Picard, Paris, 2009.
Œnochoé en bucchero nero
Inv. A.7776
Production cérétaine, dernier quart du VIIe siècle av. J.-C.
Coupe-kylix à figures rouges
Informations détaillées
Inv : A. 8175
H. 12 ; L. 40,7 ; P. 32,6 cm
Production attique, début du Ve s. av. J.-C.
Notice complète
Ce vase en céramique provient de Campanie mais ce n’est pas son lieu de production. Cette coupe a été réalisée en Attique, en Grèce, puis fut transportée jusqu’en Italie. Elle possède des traits communs avec la coupe du Louvre, à figures rouges également, attribuée au peintre Sabouroff (G.272) produit en Grèce. Cette kylix est, elle aussi, un vase grec retrouvé en Italie, en Campanie. Le médaillon central présente une frise de méandres alternés en croix qui est une des caractéristiques des productions grecques. Cette œuvre est un témoignage des échanges entre l’Italie et l’Attique, commerciaux mais aussi artistiques. Les vases grecs sont souvent présents dans les tombes campaniennes pour montrer la connaissance et le statut social des défunts. Ce vase présente des scènes d’enseignement de l’athlétisme. Sur les faces extérieures se trouvent deux scènes représentant à chaque fois un pédagogue et quatre élèves, tandis que le médaillon central présente un athlète et son maître. Le médaillon central est donc composé d’une frise de méandres alternés de croix à l’instar de la coupe du peintre Sabouroff, caractéristique des productions attiques. Cette frise délimite une scène figurée représentant deux hommes debout ; l’un est un jeune homme nu portant un disque, l’autre est un homme âge mûr vêtu d’une toge et tenant un bâton. Sur la première face extérieure du vase se trouvent, de gauche à droite, un élève s’apprêtant à lancer un disque, face à lui l’enseignant avec son bâton qui l’observe, puis trois autres élèves, dont le premier se nettoie la jambe avec un strigile et les deux derniers échangent entre eux. Sur la seconde face la scène figurée est composée, toujours de gauche à droite, de deux athlètes dont les javelots sont plantés dans le sol, suivis de deux lutteurs en combat observés par un pédagogue. Ces scènes sont séparées par des motifs de palmettes sur les anses de la coupe. Les kylix, ou coupes, sont utilisées pour boire le vin lors du symposion et sont donc très fréquemment retrouvées dans les tombes pour les rituels funéraires. Ces vases sont souvent décorés des scènes de mise en garde quant à la consommation du vin ou par des scènes de jeux qui font aussi partie des rituels funéraires. Ici, le thème se rapproche donc des jeux athlétiques avec par exemple le lancer de disque pour le médaillon central. Cette coupe est conçue pour un rituel funéraire et pas simplement pour le symposion. Ces motifs sont repris par les artistes étrusques comme on peut le voir avec la kylix de l’ancienne collection Rodin du musée Rodin (Co.01387), datant de 380 av. J.-C., où l’on retrouve le médaillon central composé d’une frise alternant le motif de méandres et de croix. Le rendu naturaliste y est également présent comme dans les kylix attiques mais les yeux sont toujours représentés de face contrairement à cette coupe qui initie les yeux représentés de profil. La kylix montre l’importation de vases attiques en Italie, plus précisément en Campanie. Cet échange est naturellement de nature commerciale mais pas exclusivement. Ces échanges peuvent démontrer le goût des Italiotes, Italiques et Étrusques pour les objets issus du mode de vie attique. L’essor artistique attique montre la véritable hégémonie d’Athènes, tant au niveau commercial que culturel. En effet, la puissance commerciale en Méditerranée d’Athènes à la fin de la période archaïque est devenue supérieure à celle de ses concurrents directs comme les Corinthiens ou les Ioniens. Ainsi, c’est bien les objets et la culture attique qui se transmettent directement en Campanie par le biais des échanges commerciaux.
Bibliographie
- PY Michel (dir.), Céramique Attique à figure rouge, Dictionnaire des céramiques antiques en Méditerranée Nord-Occidentale, 1993, p. 110.
- GONDICAS Daphné, SINGER Gérard et GORGET Catherine, Le Banquet , Collection d’Antiquités Grecques, Orléans, Exposition des Entreprises, 1998, p. 6.
- PALÉOTHODOROS Dimitris, “Pourquoi les Étrusques achetaient-ils des vases attiques ?”, In : Les Études Classiques, 2002, p. 139-160.
- COLONNA Cécile, “Boire avec les dieux” , Revue de la BNF, n°38, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 2011-2012, p. 64-73.
Œnochoé à figures rouges
Informations détaillées
Inv : A. 8168
H. 31,7 x L. 17,3 x P. 14 cm
Atelier étrusque (Cerveteri), 324-300 av. J.-C.
Envoi de l’Etat en 1863
Notice complète
Cette œnochoé à bec biseauté possède un long col légèrement tronconique comprenant une double moulure en partie supérieure, une anse en ruban épaisse, une épaule marquée par le décor et une panse globulaire se terminant par une base cylindrique creusée de trois rainures. Elle servait à la consommation du vin lors des banquets. Elle est datée de 324 à 300 av. J.-C. et a été produite à Cerveteri, l’un des grands centres de production de vases à figures rouges d’Etrurie du IVe s. av. J.-C.
Son riche décor représente une scène dionysiaque, définie par la présence de plusieurs ménades et d’un satyre sur la panse. De plus, nous pouvons retrouver plusieurs motifs qui sont typiques de cette période, comme la présence d’une frise d’oves alternant avec des petits points noirs sous les moulures de l’embouchure du col, la présence de rinceaux fleuris sur le col ou encore la présence de croix de Saint-André ponctuée de cinq points, des palmettes, et des cornets floraux sur la panse.
Nous pouvons reconnaître la période hellénistique par le fait que le décor occupe toute la surface du vase. Le décor peint a comme caractéristique la présence de traits au vernis noir au centre du péplos des femmes et l’utilisation du raccourci pour rendre le volume des figures. Nous pouvons également observer le détail des vêtements et la présence du maniérisme qui illustre les figures avec la technique des « poignets cassés ».
On peut comparer cette œnochoé à une autre similaire conservée au musée Dobrée à Nantes (inv. D 863.1.41), provenant de Cerveteri et datée d’entre 310 et 290 av. J.-C., attribuée au peintre de Castellani. Le décor est également réalisé avec la technique de la figure rouge et représente une scène dionysiaque, avec des satyres et des ménades.
Elle présente aussi un décor de palmettes et de volutes. On retrouve les principales caractéristiques de la période comme l’occupation maximale de l’espace, le trait au vernis noir dessiné au centre du péplos, ainsi que de nombreux rehauts blancs.
La technique de la figure rouge, aussi appelée peinture en réserve, est un procédé dans lequel des figures sont mises en réserve, puis un vernis noir est appliqué à l’extérieur. L’intérieur des figures laisse apparaitre la couleur naturelle de l’argile. Cette technique est utilisée à Athènes à partir de 540 av. J.-C. Elle est reprise par l’Italie vers 440 pendant la période classique. Entre la fin du IVe s. av. J-C. et le début du IIIe s. av. J-C., la céramique étrusque à figures rouges est remplacée par celle à vernis noir.
Les vases athéniens à figures rouges représentant des sujets dionysiaques sont pour la plupart exportés vers l’Italie. Les Étrusques reprennent l’iconographie liée à Dionysos mais les motifs, clairement inspirés du répertoire attique, proposent des changements spécifiques à l’Étrurie. Les peintres étrusques choisissent de représenter des images du rituel dionysiaque avec des variantes locales.
Bibliographie
- « Les céramiques étrusques : vases à figures rouges », Archéologia (Fiche supplément), n°287, février 1993.
- BRIQUEL Dominique, SANTROT Marie-Hélène, LESSEUR Catherine et HUGOT Laurent, Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie, Somogy éditions d’art, Paris, 2004, p. 140 et 143.
- AMBROSINI Laura, JOLIVET Vincent, Les potiers d’Etrurie et leur monde : contacts, échanges, transferts, éditions Armand Colin, Paris, 2014, p. 13-16.
Amphore à figures noires
Informations détaillées
Inv : A.8161
Miniature
Atelier attique, fin du VIe s. av. J-C.- début du Ve s. av. J.-C.
Notice complète
Cette amphore, d’après la couleur rouge de l’argile, sa panse ovoïde et ses deux hautes anses tubulaires vernies de noir, appartient à la production attique du dernier tiers du VIe s. av. J.-C. La majorité du décor à figures noires et incisé marque également la transition vers la production à figures rouges, qui débute vers 540 av. J.-C. Le style du décor peut d’ailleurs être rattaché au vase n° X.21.29 (fig.1) du peintre athénien de la Red Line (Aléria, fin du VIe s. – début du Ve s. av. J.-C.). Le décor végétal du col alterné de palmettes à l’endroit et à l’envers rythmées de points, comme la frise de languettes sur l’épaule et les rayons irréguliers font écho au peintre athénien Diosphos actif au début du Ve s. av. J.-C. La posture de Zeus, de profil pur, assis sur un curule, figurée sur la panse de l’amphore attique de la BNF (fig.2, inv. De Ridder.219, attribuée à Diosphos) y est similaire à celle du Dionysos du vase A.8161 avec son dos affaissé et le menton baissé. L’œil oblique et la rigidité du voile de la ménade qui danse face à Dionysos attestent du style attique.
Dionysos est représenté à la grecque, porte un himation, une couronne de lierre et une longue barbe, et tient dans ses mains un canthare démesuré qui est un de ses attributs, que l’on retrouve aussi dans l’amphore B.2523. La représentation de Dionysos en tant que dieu du vin l’ayant offert aux hommes n’est pas anodine sur les amphores qui sont directement liées à la pratique du symposion comme vases de stockage et transport du vin. Un rameau de vigne émanant de Dionysos et coupant la scène figurée en se terminant en palmette à son extrémité déborde sur le décor de l’épaule et s’apparente à l’exemplaire de Munich (inv. n°1513, fig.3). Néanmoins, ses petites dimensions en font une offrande funéraire.
La ménade est figurée dans un style ionien avec l’œil en amande, la position bidirectionnelle, des pieds élancés et des doigts effilés. La présence de ce style s’explique par les déplacements des artistes ioniens et grecs en Grande-Grèce au Ve s. av. J-C., le vase provenant peut-être de Tarente.
Bibliographie
- GONDICAS Daphné, Collection d’antiquités grecques, Exposition de la Maison des Entreprises à Orléans 20 octobre – 30 décembre 1998, Orléans, 1998
- PALEOTHODOROS Dimitris, « Dionysiac Imagery in Archaic Etruria », Etruscan Studies : Vol. 10, Article 15, 2007, p. 187 à 201
- PASQUIER Alain, “Un cratère-rafraîchissoir au musée du Louvre : du vin frais pour un banquet de luxe”, In: Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 78, 2000, p. 5 à 51
- SANTROT Marie-Hélène, FRERE Dominique, HUGOT Laurent, Vases en voyage : de la Grèce à l’Étrurie, Paris, 2004, p. 62 à 69
peintre athénien de la Red Line, Amphores à col attique à figures noires, New York, Metropolitan Museum of Art, inv : X.21.29
Peintre de Diosphos, Amphore la naissance de Dionysos, 500-490 av. J.-C., Paris, BNF, inv : De Ridder.219
Amphore à col attique à figures noires, Saint Pétersbourg, Musée de l’Ermitag, inv : B252
Amphore à figures noires
Informations détaillées
Inv. A.7417
H.16 cm ; L.11,5 cm ; P. 10,5 cm
Atelier étrusque, quatrième quart du VIe siècle av. J.-C.
Dépôt de la collection Campana en 1971
Notice Complète
Ce vase étrusque est une amphore inspirée des modèles de style ionien du VIe s. av. J.-C. Elle est reconnaissable à ses deux anses destinées au transport. L’amphore est en céramique décorée de figures noires avec des rehauts de blancs et des détails incisés. Sur l’amphore sont figurés deux créatures ailées, un homme, deux files de motifs végétaux et un motif floral. Les deux créatures sont des sphinx reconnaissables à leurs ailes, leurs têtes humaines et à leurs queues de lions. L’homme possède un œil en amande, il a également un sourire et le menton en galoche qui sont des caractéristiques propres au style ionien de l’époque archaïque. Sur l’épaule de l’amphore une frise de feuilles au vernis noir est représentée. Au-dessous une frise de feuilles de lierre rehaussées de points blancs est peinte. Deux filets noirs séparent l’épaule de la scène figurée sur la panse. Sous l’anse droite sont peintes des fleurs de lotus dont l’une d’elles est rehaussée de peinture blanche. Le style ionien évoqué ici se caractérise par des sourires naïfs, les proportions trapues des personnages, une recherche de naturalisme avec une perspective, des incisions et un goût pour le mouvement ainsi que de nombreux détails. Le décor est dynamique, il provient des motifs orientaux montrant une influence des vases grecs de cette période. L’amphore A 7417 fait aujourd’hui partie des réserves du Musée d’Histoire et d’Archéologie d’Orléans. Sur le plan fonctionnel, il s’agit d’un vase destiné à la consommation, au transport ou à la conservation de denrées telles que le vin, l’huile ou encore les olives. L’amphore ici présentée provient d’un centre étrusque mais nous ne savons pas lequel précisément. Dès le VIIe s. av. J.-C., durant l’époque orientalisante plus précisément, apparaissent de nouvelles iconographies dans l’art étrusque liées à la colonisation grecque dans le Sud de l’Italie ; cela pourrait expliquer pourquoi ces figures ioniennes apparaissent dans cette œuvre. Ce vase est caractéristique du style ionien qui se développe de 550 à 500 av. J.-C. en Italie et qui provient à l’origine d’Asie Mineure, ce qui pourrait cette fois ci expliquer la présence des deux sphinx sur l’œuvre, d’inspiration orientale.
Bibliographie
- Martine Denoyelle et Mario Iozzo, La céramique grecque méridionale et de Sicile : productions coloniales et apparentées du VIIIe siècle au IIIème siècle avant J.-C., Paris, 2009.
- Les potiers d’Étrurie et leur monde. Contacts, échanges, transferts. Hommages à Mario A. Del Chiaro, Laura Ambrosini et Vincent Jolivet (dir.), textes traduits par Vincent Jolivet, Paris, 2014.
- Françoise Gaultier (dir.), Un rêve d’Italie : la collection du marquis Campana, Album de l’exposition, textes de Françoise Barbe, Marc Bormand, Armelle Fémelat (et al.), Paris, 2018.
Amphore à figures noires
Inv. A.7417
Atelier étrusque, quatrième quart du VIe siècle av. J.-C.
Amphore à figures noires
Inv. A.7417
Atelier étrusque, quatrième quart du VIe siècle av. J.-C.
Kyathos à figures noires
Informations détaillées
Inv. A 7411
H. 13 cm ; L. 15 cm ; P. 11,5 cm
Production attique, fin du VIe siècle av. J.-C.
Découvert à Camiros (Chypre).
Notice complète
Le vase en céramique présenté est un kyathos. Il s’agit d’un vase possédant un pied bas et circulaire, une panse conique et une grande anse verticale. Son aspect est caractérisé par un décor peint à figures noires. Le pied et le fond accueillent un aplat de couleur noire puis deux bandelettes qui se superposent. Sur la panse un décor figuré prend place : on voit un félin à la queue serpentine, tourné vers la droite. Un homme à cheval se trouve au centre de la composition, lui aussi orienté vers la droite. La scène se termine par un dernier félin tourné vers la gauche dont on peut percevoir la queue en spirale, mais ce détail est mal conservé. En arrière-plan on observe des motifs végétaux ainsi que des cercles concentriques noirs entourant l’homme et son cheval.
L’iconographie représente le dieu Dionysos sur son cheval accompagné de deux panthères, le tout surmonté d’une paire d’yeux. Cette représentation était populaire dans les années 530-510 av. J.-C. Ce motif se trouve le plus souvent sur les coupes à vin, et il permet de créer une connexion particulière lors du symposium. Selon Marie-Christine Villanueva Puig, quand le banqueteur plongeait son regard dans la coupe, les yeux se superposaient pour former un “nouveau visage” qui s’offrait à son voisin. Cet effet met en avant la notion de “boire ensemble”. Dionysos et son cortège surgissent durant cet usage collectif de la boisson. Il ne s’agit cependant pas ici d’être en compagnie du dieu mais d’entrer dans le monde dionysiaque. Sur le plan fonctionnel, ce kyathos servait à puiser le vin ; c’est donc en plongeant l’objet dans la boisson divine que l’on accède au monde de Dionysos. Ce vase présente alors une iconographie mythologique directement liée à la cérémonie du symposium.
Outre cette symbolique divine, cet objet reflète le statut aristocratique de celui qui le possède. En effet, seuls les aristocrates pratiquaient le symposium. Les panthères peuvent être associées à une scène de chasse qui fait écho à ce statut, puisque la chasse était une activité éducatrice pour la jeunesse aristocratique. Cet animal exotique et de l’aristocratie montre une puissance ainsi qu’une valeur psychopompe et eschatologique car il se réfère à l’idée d’un parcours dangereux pour rejoindre le monde des morts.
Ce vase est attique. Si on le compare à des vases de production rhodienne comme le plat d’Euphorbe découvert à Camiros et datant de 610-590 av J.-C. conservé au British Museum, nous pouvons voir que l’argile rhodienne est plus claire que l’argile attique. Ce kyathos daterait du VIe siècle av. J.-C., si l’on se base sur son thème iconographique ainsi que sur la comparaison avec un kyathos similaire conservé au Petit Palais qui date de 515 à 505 av. J.-C. Nous trouvons des points communs dans l’iconographie et les bandes noires sur le pied. Nous pouvons donc supposer qu’il provient du même atelier, celui du groupe du Vatican G57.
Bibliographie
POTTIER Edmond, Vases Antiques du Louvre, Salle A-E, 1875, Hachette et Cie, Paris, 60 p.
POTTIER Edmond, Vases Antiques du Louvre, Salle E-G, 1901, Hachette et Cie, Paris, 150 p.
VILLANUEVA PUIG Marie-Christine, “Des « coupes à yeux » de la céramique grecque”, In: Journal des savants, 2004, n°1. p. 3-20
DECAUDIN-ROUSSELOT Antoinette J., La collection des bijoux antiques du Musée historique et archéologique de l’Orléanais, Mémoire de l’École du Louvre, juillet 1975, 257 p.
RIVIÈRE-ADONON Aurélie, “Les « Grands Yeux » : une mise en scène visuelle”, In : Dossier : Émotions [en ligne]. Paris-Athènes : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011
Kyathos à figures noires
Inv. A 7411
Production attique, fin du VIe siècle av. J.-C.
Kyathos à figures noires
Inv. A 7411
Production attique, fin du VIe siècle av. J.-C.